Après la parution d’un décret du Premier ministre en fin de semaine dernière, les pompiers peuvent désormais être sollicités par les administrations compétentes (Agence régionale de santé, collectivités) pour procéder à la vaccination anti-Covid.
Dans les casernes, la stupéfaction le dispute à la colère. Les syndicats représentatifs (Fédération autonome, Cgt, Cfdt, Sud, syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels, Cftc et FO) sont vent debout face à ce qu’ils pointent du doigt comme un décret oukase. « Un passage en force du gouvernement qui veut faire des économies sur le dos des infirmiers libéraux et des officines de pharmacie », tempête Rémy Chabbouh, secrétaire de Sud au SDMIS (Lyon). Depuis samedi 13 mars, un centre de vaccination mis à disposition par la mairie de Villeurbanne au centre culturel et de la vie associative a fait appel à des personnels infirmiers des pompiers. Mais ce qui choque la majeure partie des syndicats, c’est quand il est fait appel à des pompiers volontaires, qui prennent le travail des soignants.
Car une telle décision va à l’encontre des garanties de sûreté et de sécurité qui doivent normalement accompagner le geste de la vaccination, dévolu aux seuls professionnels de santé. « Les pompiers volontaires réquisitionnés ont eu droit à une petite heure de formation sur des mannequins, tandis que les infirmières suivent trois années d’études, dont une bonne partie sur les gestes intrusifs que sont les intraveineuses ou les intramusculaires », déplore un pompier d’une caserne du sud de Lyon.
Un arbre qui cache la forêt
Dans l’agglomération lyonnaise, on n’en est pas là, reconnaît Remy Chabbouh. Mais au sein des pompiers professionnels, l’incompréhension gagne de plus en plus. Il n’y a pas eu de concertation, dénonce un responsable de la Fédération autonome. Aucun organe représentatif officiel du personnel n’aurait été mis dans la boucle. Les échanges avec les services du Premier ministre auraient eu lieu avec l’une des nombreuses associations loi 1901 regroupant des pompiers. « Nous ne sommes ni médecins, ni pharmaciens, ni infirmiers ! Nous sommes Sapeurs-Pompiers ! De quel droit la Fédération des sapeurs-pompiers volontaires de France, qui ne représente pas les secouristes titulaires, s’est-elle autorisée à nous impliquer dans cette gestion controversée du déploiement de la campagne de vaccination ? », fustige le premier syndicat chez les pompiers sur sa page Facebook.
Surtout, avec ce décret, les sapeurs-pompiers disent ne plus comprendre quel est le véritable problème : la pénurie de doses ou alors le coût relatif à l’intervention des personnels chargés de les administrer aux patients. « On croyait que l’on manquait de vaccins et l’on s’aperçoit que c’est une question d’argent. On pensait que lorsque les professionnels auraient le matériel, ils lanceraient les campagnes. Or, on fait appel en renfort à des volontaires dont ce n’est pas le métier. Pour les infirmiers et les autres soignants, c‘est humiliant ! »