Quelque 600 personnes se sont recueillies lundi soir près de Lyon dans la paroisse où a officié le père Bernard Preynat, soupçonné d'avoir abusé quelque 70 jeunes scouts de 1972 à 1991, afin de rendre hommage aux victimes d'abus sexuels.
Les fidèles de l'église Saint-Luc de Sainte-Foy-lès-Lyon, dans l'ouest lyonnais, répondaient ainsi à l'appel de la Conférence des évêques de France (CEF) du 14 octobre, pour une "journée de prière et de pénitence" dont le principe avait été annoncé un mois avant par le Pape François.
Plutôt âgés, les paroissiens ont silencieusement pris place dans cette petite église sobre et sans charme, construite au début des années 60. Célébrée par le père Eric de Nattes, la messe a duré près d'une heure trente. S'adressant aux membres de l'association "La parole Libérée", composée d'anciens scouts de Saint-Luc victimes de Bernard Preynat et qui a permis de mettre au jour ses abus début 2016, l'actuel prêtre de la paroisse a surpris l'assistance par son homélie (extrait ci-dessous)
Je viens pour vous demander pardon en mon nom, en votre nom à tous paroissiens, au nom de mon église qui n'a pas écouté et qui a encore tant de mal à écouter, qui a couvert d'un silence coupable ces crimes et qui a tant de mal à sortir de ce silence qui a laissé les victimes à leur solitude, a déclaré le père de Nattes.
A plusieurs reprises, il s'est aussi excusé de ne pas avoir formellement invité les membres de "La Parole Libérée" à assister à la messe. "Je n'ai pas pu le faire pour une espèce de blocage intérieur qui était de dire: +comment inviter des personnes qui ont vécu dans ces lieux ce qu'ils ont vécu", expliquera t-il plus tard devant la presse.
"L'important, c'est d'être réunis ce soir. C'est déjà un grand pas", a réagi Annick, 40 ans, après la messe.
Marie-Thérèse, 54 ans, a trouvé la célébration "formidable". "Mais, on a tellement honte", a t-elle ajouté évoquant l'affaire Preynat. "On pensait vraiment que c'étaient des ragots", a ajouté pour sa part Françoise, 80 ans, "satisfaite que l'histoire soit sortie".
Initialement prévus, les 70 cierges, qui devaient symboliser les 70 victimes du père Preynat, n'ont finalement pas été allumés à la demande de La Parole libérée.
Le reportage complet
Lundi 7 novembre, les évêques de France, réunis à Lourdes, ont solennellement demandé pardon pour le "trop long silence coupable" de l'Eglise face à ces abus sexuels.