Conjonctivites, rhinites, toux, respiration sifflante et même asthme, l’allergie aux pollens est une maladie environnementale. Elle touche près de 10 millions de personnes en France. Sous l’effet du réchauffement climatique, les scientifiques observent non seulement une hausse des quantités de pollens, mais également des saisons polliniques plus longues et plus précoces.
Le RNSA (Le Réseau National de Surveillance Aérobiologique ) collecte et analyse les particules biologiques de l’air que sont les pollens et les moisissures. Avec son réseau constitué de capteurs dans 80 villes de l'hexagone, il publie des bulletins hebdomadaires d'information sur le risque allergique d'exposition au pollen pour chaque ville. En 30 ans de données, les scientifiques ont observé une hausse des quantités de pollens émises. De ce fait, l’impact sanitaire est, lui aussi, plus conséquent, aussi bien en termes de symptômes que de gravité. On estime aujourd'hui que 62 % de la population française est exposée de manière forte ou très forte aux risques climatiques.
Quels sont les pollens contenus dans l'air ?
Frêne, bouleau, noisetier, graminées, cupressacées ou ambroisies. Il existe 3 000 types de pollens différents. Tous sont allergiques. On distingue trois types de graminées ornementales, très souvent plantées dans les jardins d'agréments. Les graminées sauvages, présentes dans les champs et prairies et les graminées céréalières (type blé, maïs, orge). La saison des graminées s’étend d’avril à septembre.
D'autres pollens sont émis par les arbres. Plantés en grande quantité en milieu urbain ces dernières années, les pollens de bouleau ont augmenté de 20 % en 30 ans.
L'ambroisie, présente surtout le long de la vallée du Rhône, est une espèce exotique envahissante qui vient du Canada. La période de pollinisation va de début août à fin septembre-début octobre.
Samuel Monnier est ingénieur au RNSA. "Nous avons 15 capteurs de pollens en Auvergne-Rhône-Alpes. Pour la surveillance de l'ambroisie qui prolifère, nous ajoutons des capteurs supplémentaires en été (entre juillet et octobre) afin d'affiner nos prévisions". Notamment à Bourgoin-Jallieu (Isère) où tous les records de concentration de pollens sont dépassés. Un capteur à Roussillon (Isère), Saint-Alban-Auriolles (Ardèche), Gleizé (Rhône) Roanne (Loire) ou encore Ambérieu en Bugey (Ain) complètent le dispositif.
Pollens et changement climatique
"Le réchauffement du climat entraîne une hausse des quantités de pollens", explique Samuel Monnier. Certains végétaux se déplacent géographiquement et donc l’exposition à ces pollens est de plus en plus importante. Par ailleurs, la saison de pollinisation est de plus en plus précoce, mais aussi plus longue dans le temps. C'est assez visible pour certains arbres. C'est le cas pour les aulnes et les noisetiers, les premiers arbres à fleurir. D'habitude la floraison se fait en février. Cette année, avec les températures très douces, les fleurs sont sorties dès janvier. On était en alerte précoce."
Certains végétaux se déplacent géographiquement et donc l’exposition à ces pollens est de plus en plus importante.
"Il y a un lien aussi avec la pollution atmosphérique", précise Samuel Monnier. "Les polluants attaquent et fragilisent le grain du pollen, ce qui libère plus de protéine allergisante et augmente ainsi les symptômes allergiques. En plus, avec les fortes chaleurs et les sécheresses à répétition, les arbres et les plantes sont stressés par le manque d'eau et vont émettre davantage de pollens. C'est le cas du hêtre notamment, très présent dans les Alpes. En juillet et août, on observe depuis plusieurs années déjà l'augmentation des quantités de pollens et il faut savoir qu'un plan d'ambroisie libère 3 000 graines."
Diminuer la concentration de pollens
Instaurer de la diversité dans les aménagements paysagers apparaît comme la meilleure solution pour diminuer la concentration de pollens d’une même espèce dans l’air. Diversifier en limitant la part du platane par exemple, permet de réduire le risque d'allergie et rend aussi le patrimoine végétal d’une ville moins sensible à une épidémie. De même, créer des haies de mélange à la place des haies de cyprès, a un effet sur l’allergie et sur la banalisation du paysage, elle permet aussi le développement d’une faune plus variée. Des conseils pour aménager son balcon ou son jardin en plantant moins de plantes ou d'arbustes allergisants sont à retrouver sur le site internet administré par le RNSA vegetation-en-ville.org
Le réchauffement climatique a aussi des effets sur les conditions de vie des animaux en captivité et dans les exploitations agricoles. Lise Riger s'est posé la question dans "L'info en plus Climat".
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