Elus et riverains du pont de Vernaison, au sud de Lyon, sont inquiets. L'ouvrage présente des signes de faiblesses. Certains demandent la construction d'un nouveau pont. La Métropole répond et propose des solutions alternatives pour ce pont situé près d'un site naturel sensible.
Mardi matin, 2 février 2021, des élus de communes situées à proximité du pont de Vernaison s'étaient donné rendez-vous au pied de l'ouvrage. Le pont suspendu construit à la fin des années 50, étroitement surveillé depuis la catastrophe de Gênes, fait l'objet de toutes les attentions. Il est même l'un des plus surveillés de l'agglomération lyonnaise à grand renfort de capteurs. Les élus entendaient cependant faire part de leurs inquiétudes. Le pont de Vernaison, qui enjambe le Rhône, est interdit aux poids lourds de plus de 3,5 tonnes mais est emprunté par un peu plus de 12.000 véhicules par jour, en moyenne. Il est également situé à proximité d'un site naturel : l'île de la table ronde.
Construire un nouveau pont pour remplacer l'ouvrage fragilisé. L'idée avait été lancée il y a quelques années. Mais le projet est aujourd'hui remis en cause. Les élus de ce secteur, situé au sud de la Métropole de Lyon, ne cachent pas leur déception. A commencer par le maire LR de Vernaison, Julien Vuillemard. Ce dernier évoque ainsi la possibilité de "repenser tout le secteur en terme de mobilité" grâce à un franchissement supplémentaire sur le Rhône "pour pouvoir servir tout le territoire, à l'est comme à l'ouest". Le projet était aussi, selon lui, l'occasion de faire "un pont multimodal avec du mode actif et une voie dédiée aux bus par exemple".
Le passage à sens unique contesté
Mais pour la nouvelle majorité écologiste de la Métropole de Lyon, si les grands projets pharaoniques ne sont plus d'actualité, priorité toutefois à la sécurité.
"La construction d'un nouveau pont, qui n'a jamais été prévue à la programmation pluriannuelle des investissements, prendrait 7 à 8 ans. En revanche, nous avons prévu la construction d'un pont provisoire, en cas de besoin, pour 10 millions d'euros", explique Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon, en charge notamment des Grands ouvrages et grandes infrastructures. Mais l'élu écologiste prévient : "cela prendrait quand même deux ou trois ans". Et face à un problème de "sécurité à court terme" face à un pont qui se dégrade, il annonce : "on va prendre des mesures dès le printemps pour éviter de fermer définitivement ce pont".
La Métropole envisage de diminuer le trafic sur le pont "en passant en sens unique, dans le sens Est-Ouest". Objectif : mettre un frein au trafic de transit et limiter ainsi le nombre de véhicules. Les élus du secteur dénoncent de leur côté, un risque de report de la circulation et des détours de plusieurs kilomètres pour les automobilistes qui devront notamment emprunter les ponts de Givors ou de Pierre-Bénite.
Les maires du secteur ne cachent pas leur opposition à cette proposition de passage à sens unique et dénoncent également un manque de concertation. "Aujourd'hui, un non-choix est fait. A terme le sens unique ne suffira pas", déplore Xavier Odo, maire SE de Grigny. Pour l'élu, il sera impossible de faire l'économie d'un investissement sur cet ouvrage. "Quelle mobilité voulons-nous autour de ce pont à Vernaison ? Quelle mobilité douce ?" s'interroge-t-il.
De son côté, l'Etat étudie la faisabilité d'un autre pont, un peu plus au sud. Les conclusions de cette étude seront connues dans le courant de l'année.