PORTRAIT. Marqueteuse de paille, Manon est l'un des derniers artisans à pratiquer cet art dans le monde

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Manon Bouvier pratique la marqueterie de paille depuis 10 ans. Un métier aussi rare que méconnu mis en lumière à Mirabalia à Lyon jusqu'au 7 avril.
Portrait marqueteuse ©France Télévisions

La deuxième édition de la biennale d'artisanat d'art, Mirabilia, se déroule à Lyon jusqu'au dimanche 7 avril 2024. Parmi les exposants installés au carré Fourvière, Manon Bouvier-Toth, met en lumière son savoir-faire aussi rare que méconnu du grand public, la marqueterie de paille.

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Dans le monde, ils ne sont qu'une dizaine à pratiquer cet artisanat d'art, en France qu'une poignée. La marqueterie d'art demande minutie, patience et créativité. Manon Bouvier-Toth possède toutes ses qualités, elle est présente au Carré Fourvière où se tient Mirabilia. Le salon sert de vitrine aux métiers de l'artisanat haut de gamme, il permet de découvrir un métier rare et de contempler des pièces prisées par les marques de luxe.

De l'or végétal au bout des doigts

Dans l'atelier de Manon, le regard est d'abord attiré par la couleur, celle des brins de paille et celle des murs. Puis il y a un bruit, furtif et léger comme un sifflement. Ce son, c'est celui d'une lame qui ouvre l'herbe sèche en deux. Inlassablement avec une précision chirurgicale, Manon répète le geste qui annonce le début de son travail.

"Le son est super intéressant dans la marqueterie de paille, explique Manon, ça nous aide aussi à reconnaître si la paille est utilisable ou pas, selon le son quand on l'écrase, quand on le touche, tout est un peu musique."

Derrière ses larges montures noires, la marqueteuse fixe le brin de paille tenu délicatement entre les doigts. Manon s'est vue décerner le titre de meilleur ouvrier de France en 2019. Diplômée de l’école Boulle en ébénisterie, son niveau d'excellence n'est plus à démontrer.

Ce n'est pas n'importe quelle paille qu'utilise Manon. Les brins sont issus du seigle, cultivés et teints par un céréalier de Bourgogne, seul fournisseur au monde à produire ces brins pour la marqueterie. 

Un métier rare et méconnu

Lorsque la jeune femme a découvert les possibilités de ce matériau souple et robuste, ce fut un véritable coup de foudre. Elle qui ne voit que d’un œil et pas en trois dimensions, elle crée de ses mains des motifs infinis.

"Cette paille à la base, elle est utilisée pour les toits de chaume. Elle permet d'avoir une forte imperméabilité, ce qui permet d'avoir en marqueterie, une lumière qui glisse dessus, comme l'eau peut glisser sur les toits, décrit-elle."

Les brins de paille de seigle sont collés bord à bord sur tout type de surface. C'est la patience et la minutie de Manon qui anoblissent le matériau simple. Les détails de la fabrication restent secrets. Pour la marqueteuse, il s'agit de sublimer les reflets de chaque brin, de rechercher le moindre défaut, de déceler la moindre aspérité ou cassure.

Le reflet de la brillance de la lumière vient aussi du toucher de la paille et de la sensualité que l'on peut apporter.

Manon Bouvier-Toth

Des mains, un regard et quelques outils simples, Manon est l’héritière d’un savoir-faire né au XVII siècle. À l’origine, l'activité était exercée par des religieuses et des bagnards. Aujourd’hui, c'est un métier rare.

"Ce métier paraît simple mais il faut longtemps, il faut vraiment pousser le travail de la main, de la sensibilité, le regard, le toucher. Tout ça, ce sont des choses qui prennent du temps à acquérir, précise Manon, même moi après 10 ans, j'apprends encore".

Des créations destinées au marché haut de gamme

L’atelier Paelis travaille pour des maisons de luxe, de grands architectes d’intérieur, essentiellement situés à l’étranger. Manon a embauché 3 marqueteuses dans son atelier pour pouvoir faire face aux commandes.

L'élaboration de chaque objet prend du temps, Manon façonne 1m² de marqueterie par semaine. Des délais qui justifient un coût élevé et une ouverture sur le marché du luxe.

La clientèle fortunée de Manon et ses marqueteuses ne les étourdissent pas, elles gardent la volonté d'être "utiles au monde".

Elles estiment que leur responsabilité en tant qu’artisans d’art est de faire preuve de solidarité et souhaitent grâce à leur travail soutenir des femmes, des hommes et des causes comme l’accès à la santé pour tous ou la protection de la planète.

Dans cette optique pour chaque vente d’une création originale, une partie du montant est reversée à une association.

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