Jean-Luc Mélenchon enregistre des scores record à Vénissieux, Saint-Fons, et Vaulx-en Velin. Mais en moyenne seuls 3 électeurs sur 5 se sont rendus aux urnes.
54,94% des voix à Vaulx-en-Velin, 48,79% des voix à Vénissieux, 53,65% des voix à Saint Fons, Jean-Luc Mélenchon a réussi son pari : convaincre l'électorat des quartiers populaires par son programme.
Un enjeu majeur de cette élection qui a sans doute contribué à porter le candidat de l'Union populaire à la troisième place du premier tour de l'élection présidentielle de 2022. Mais cette adhésion, pour renverser la tendance et faire passer Jean-Luc Mélenchon au deuxième tour, aurait dû être accompagnée d'une forte mobilisation.
"Nous avons mené une campagne dynamique avec beaucoup d'appuis et dans les quartiers populaires", affirme Eleni Ferlet, militante lyonnaise des "Pentes Insoumises". "Nous avons constaté des queues devant les bureaux de vote ces gens-là nous ont permis d'en arriver-là aujourd'hui" reconnait-elle.
Une très forte abstention
Or les villes de banlieue, à l'Est de Lyon, ont encore peu voté. Vaulx-en-Velin obtient le record d'abstention avec 40,45% des électeurs qui ne se sont pas rendus aux urnes.
A Vénissieux, 31,50 % des électeurs se sont abstenus. Des résultats assez proches de l'élection présidentielle de 2017, ce qui confirme la désaffection des quartiers populaires pour la politique.
De nombreux habitants et associations dénoncent une crise de confiance et une désillusion du système démocratique jugé non représentatif.
Certains collectifs citoyens défendent l'idée d'"enpowerment "ou "pouvoir d'agir". En clair, après des décennies de plans banlieues et de mesures successives, une génération, souvent trentenaire aujourd'hui, a déserté les urnes pour favoriser les projets locaux et l'action de terrain. Autre façon de faire de la politique.
Une dynamique porteuse très localement mais qui ne convainc pas les électeurs de s'exprimer. Pourtant Jean-Luc Mélenchon l'avait affirmé clairement au cours de la campagne "si les milieux populaires ne vont pas voter, nous serons écrasés. Si la participation atteint le niveau normal de 80 %, nous arrivons au second tour."
Les raisons du succès de Jean Luc Mélenchon
Les succès de Jean-Luc Mélenchon s'étendent au-delà du Rhône et des banlieues de Lyon. En réalité, la carte des résultats est presque calquée sur celles des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Or en région Auvergne-Rhône-Alpes, ces quartiers sont très variés : centres villes, zones rurales, grands ensembles... Des quartiers aux réalités socio-économiques comparables, avec un fort taux de chômage et de nombreux habitants en-dessous du seuil de pauvreté.
On peut citer par exemple Annonay, ville désindustrialisée d'Ardèche qui lutte pour retrouver un dynamisme local. Jean-Luc Mélenchon y est en tête avec 26,08% des voix devant Marine Le Pen.
Même constat à Givors, ville moyenne, qui concentre des quartiers populaires à mi-chemin entre Lyon et Saint-Etienne où 44,89% des électeurs ont voté pour le candidat de l'Union Populaire.
Le candidat Mélenchon, s'est régulièrement adressé à cet électorat, en dénonçant le manque de services publics dans les quartiers prioritaires, en reconnaissant que les musulmans font l'objet de discriminations, et en dénonçant les contrôles au faciès abusifs.
Les salaires et le pouvoir d'achat encore plus prioritaires qu'ailleurs
D'après une étude Ifop réalisée en décembre 2021, le premier enjeu du vote des banlieues populaires à cette élection exprime un besoin de base d’ordre très matériel : le relèvement des salaires et du pouvoir d’achat, cité nettement plus dans ces banlieues (76%) – et notamment dans les quartiers prioritaires (à 80%) – que par l’ensemble des Français (65%). Et parmi les dix principaux enjeux déterminant leur vote, on trouve aussi des enjeux comme la lutte contre le chômage (62%) et la précarité (60%), l’éducation (68%) ou la sauvegarde des services publics (51%).