Procès Diallo à Lyon : la famille de la postière de Montréal-la-Cluse, tuée en 2008, en quête de réponses

Face à une famille en quête de réponses quinze ans après le meurtre sanglant de Catherine Burgod, Mamadou Diallo, accusé acquitté en première instance, a affirmé "ne pas avoir toutes les réponses", clamant de nouveau son innocence devant la Cour d'assises du Rhône ce lundi 16 octobre.

"On ne peut pas reprendre notre vie après les réponses qu'on a eues" lors du premier procès devant les assises de l'Ain, a affirmé Cédric, le fils de Catherine Burgod. Quelques minutes avant lui, Justine, sa sœur cadette, huit ans au moment des faits et dernière personne à avoir vu sa mère en vie, expliquait que le procès en première instance avait été "compliqué".  "On n'a pas été convaincu par ce qui a été dit, c'est pour ça qu'on est là aujourd'hui et toute cette semaine", a-t-elle expliqué, la voix un peu serrée par l'émotion.

Justine et Cédric sont présents à Lyon, depuis le premier jour du procès en appel de Mamadou Diallo, accusé du meurtre de leur mère. Le 19 décembre 2008, il y a bientôt 15 ans, cette agente communale de 41 ans avait été retrouvée lardée de 28 coups de couteaux dans l'agence postale de Montréal-la-Cluse où elle travaillait. La mère de famille était enceinte de plus de cinq mois au moment de sa mort. Sur le banc des parties civiles, figurent également le père de Justice et Cédric, ex-mari de Catherine Burgod mais aussi son compagnon de l'époque. Ainsi que l'oncle et la tante de la victime. Tous les six attendent enfin des réponses. 

Et toujours le mystère Thomassin

C'est le parquet général qui avait fait appel après l'acquittement de Mamadou Diallo, prononcé en avril 2022 au terme d'une semaine d'audience haletante à Bourg-en-Bresse, devant les assises de l'Ain. Cédric, le fils de Catherine Burgod, a aussi regretté une procédure compliquée "par l'emballement médiatique" : "Ça a été pourri par l'affaire Thomassin", a déclaré le jeune homme.

Alors que les enquêteurs privilégiaient la piste d'un crime crapuleux, avec la disparition d'un butin de 2.600 euros, les soupçons se sont portés vers Gérald Thomassin, un ancien acteur césarisé devenu marginal. Le trentenaire vivait en face de l'agence postale. Son comportement avait intrigué les enquêteurs à l'époque. Il avait même un temps été le suspect numéro un dans ce dossier criminel. Depuis août 2019, Gérald Thomassin a disparu alors qu'il devait être confronté à Mamadou Diallo. Lundi, au troisième jour du procès, Mamadou Diallo a déploré que "Monsieur Thomassin ne soit pas à (ses) côtés" sur le banc des accusés. Gérald Thomassin a bénéficié d'un non-lieu. "Je peux comprendre la réaction des parties civiles (...) mais je ne peux pas répondre à toutes les questions", a insisté Mamadou Diallo.

"Honte" et "état de choc"

"Vous êtes là parce qu'on a retrouvé votre ADN sur les lieux" du crime, lui a rappelé le président de la cour Eric Chalbos. Des traces d'ADN prélevées sur un sac près du corps de la victime correspondent à l'ADN de Mamadou Diallo.

Lycéen de 19 ans au moment du meurtre, Mamadou Diallo reconnaît s'être rendu à l'agence postale, avoir découvert le corps puis être reparti dans la panique en emportant une liasse de billets, mais il nie avoir tué la guichetière. Non sans avoir changé de version, a souligné l'accusation vendredi. "J'ai pris de l'argent alors qu'il y avait une femme sauvagement assassinée devant moi. Qui fait ça ?", a répondu Mamadou Diallo, martelant sa "honte" face à son comportement de l'époque, assurant qu'il était en "état de choc" pour expliquer sa réaction.

L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 ou le 20 octobre.

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