La circulation entre les files de voitures pour les deux-roues motorisés : une expérimentation "décevante" menée depuis 5 ans qui prend fin le 1er février. En Auvergne-Rhône-Alpes, seuls le Rhône et la Métropole de Lyon étaient concernés.
C'était une mesure innovante : l'expérimentation "légale", en condition réelle, dans 11 départements, de la circulation des 2 roues motorisés (2RM) entre les files de voitures, mais sur certains axes uniquement et avec des contraintes de vitesse limitée et de densité de trafic (entre deux files de véhicules à l’arrêt ou à vitesse réduite).
Vers une nouvelle expérimentation ?
Mais voilà, après 5 ans de test, la circulation inter-files (CIF) a vécu, en attendant une nouvelle expérimentation élargie. Car selon le rapport d'évaluation dans les 11 départements... les données sont difficiles à traduire, mais le ministère de l'Intérieur les qualifie de "décevantes". Et la déléguée interministérielle, Marie Gauthier-Melleray, d'en conclure qu'une nouvelle phase de test "pourrait être nécessaire".
Une pratique illégale largement répandue
Cette pratique, de fait, largement répandue mais totalement illégale dans l'hexagone, existe tout à fait officiellement dans un certain nombre de pays, dont la Belgique. Chez nous, elle est réclamée en France par des association d'usagers du deux roues, dont la Fédération française des motards en colère.
Que disent les évaluations ?
Pour le ministère de l'Intérieur, sur le papier, les chiffres sont clairs : le rapport "montre que l'accidentalité des deux-roues motorisés a augmenté de 12% sur les routes où l'expérimentation de la CIF a eu lieu alors qu'elle a baissé de 10% sur les autres routes des départements concernés. Cette hausse s'est stabilisée néanmoins au fil des années".
Les auteurs, membres du Cerema (centre d'études et d'expertises sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) avertissent toutefois le lecteur : les chiffres de l'accidentologie en zone CIF ou RIF (remontée inter-files) sont "faibles", et il "convient de les analyser avec les précautions nécessaires".
Ainsi, dans les départements concernés ont compte... 16 accidents mortels sur une période de 4 ans. Et selon le rapport, aucune personne décédée dans ces secteurs " ne respectait les règles de l'expérimentation".
Une accidentologie qui augmente peu
D'une manière générale, les auteurs du rapport sur la CIF constatent que l'accidentologie sur les secteurs concernés augmente peu (sauf en Gironde, qui est un cas particulier) et est même en baisse dans le Rhône. Une (bonne ?) nouvelle à relativiser quand on se souvient que, dans la même période, les accidents de deux roues ont baissé.
Plus de respect des règles, mais pas encore assez
Autre observation "contrastée" : les rédacteurs du rapport expliquent que les règles sont mieux respectées mais... que ce respect "reste minoritaire". Et d'aborder le problème de la vitesse : "Bien que la vitesse moyenne en circulation inter-files (CIF) demeure supérieure à la limitation autorisée par le décret, il ressort une tendance générale de diminution des vitesses pratiquées au fil des années."
Bref, sur un sujet aussi sensible, scruté par les différents acteurs du dossier, la Déléguée interministérielle a estimé que les conclusions du rapport du Cerema "ne permettent pas de pouvoir intégrer aujourd'hui la circulation inter-file dans le Code de la route".
Alors, quid d'une "seconde expérimentation plus approfondie ?" Elle pourrait avoir lieu en élargissant les zones concernées ou en renforçant la communication -à destination des deux roues et des automobilistes- autour des règles applicables. Deux des nombreuses recommandations contenues dans le rapport du Cerema.