Tri des biodéchets : il vous faudra en faire des tonnes pour que ça marche, on vous explique pourquoi

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La valorisation des biodéchets est une charge lourde pour les collectivités mais assure la production de gaz et d'engrais près des lieux où ils sont utilisés. ©FTV

Depuis le 1ᵉʳ janvier, la collecte des épluchures de légumes et autres biodéchets des particuliers est obligatoire. Derrière l'acte citoyen, se cachent des coûts très élevés pour les communes et de très faibles bénéfices. À l'autre bout de la chaine, les nouvelles usines de méthanisation permettent la production de gaz et d'engrais en local.

Depuis le 1er janvier 2024, conformément au droit européen et à la loi antigaspillage de 2020, le tri des biodéchets est généralisé et concerne professionnels et particuliers. À ce jour, ils représentent encore un tiers des déchets non triés des Français.

"Je viens au moins une fois par semaine, voire plus. Dans mon sachet, il y a des déchets alimentaires, du café, des sachets de thé, des résidus de légumes" explique Séverine Mora, déjà bien rodée à l'exercice. Sa commune, Saint-Symphorien-d'Ozon, fait partie du Sitom Sud Rhône (Syndicat Intercommunal de Traitement des Ordures Ménagères) qui opère ce tri depuis 2021 pour les 90.000 habitants du secteur.

"Après, ça part pour être transformé en biogaz et on le retrouve sur les véhicules estampillés biogaz. Les enfants sont contents de travailler dans ce sens", précise cette maman.

Un coût élevé pour les communes

Cette philosophie de vie, c'est pour le moment le seul vrai retour sur investissement. Les trois communautés de communes investissent 120.000 euros par an. "Un composteur au bas mot coûte 100 euros, un abri bac, c'est 2500 euros et il faut payer la collecte et les agents qui surveillent tout ça et gèrent l'ensemble des déchets" déplore René Martinez, président du Sitom Sud Rhône. Il estime à trois ans le temps nécessaire pour équiper tout le monde. Ce développement se fait sans aucune aide de l’État. Les communes voient juste baisser leurs taxes d’incinération.

Quand on a des déchets d'emballage, on revend les matériaux. Il y a un retour pour la collectivité, mais là, zéro retour. La charge est extrêmement lourde.

René Martinez

président du Sitom Sud Rhône

Des quantités récoltées trop faibles à ce jour

Les déchets du Sitom Sud Rhône finissent à Vourles, à 20 minutes de leur lieu de collecte, dans une usine qui récupère surtout les produits alimentaires non vendus dans les grandes surfaces, les rebus des industriels de l’agro-alimentaire et les restes de la restauration collective. Les biodéchets sont à la marge, ils représentent moins de 1% de la matière traitée.

Pour Jean-François Miellet, fondateur d'Ecovalim (groupe CVE), l'équation est simple : "Monsieur et Madame Tout le monde doivent opérer ce geste de tri pour accélérer le croisement de courbes ou l'inversement des courbes économiques pour rendre indolore économiquement pour le citoyen ce geste de tri". À ce jour, les quantités sont trop faibles pour être rentables pour les collectivités. Le choix devenu obligation légale concerne une manne estimée chaque année à 10 millions de tonnes de déchets organiques en France. À ce jour, seulement 10% sont captés.

Une réindustrialisation des territoires

La première étape consiste à transformer les épluchures de légumes et restes alimentaires gorgés d’eau en liquide appelé soupe. Celle-ci est ensuite acheminée par camion citerne sur un autre site, à Aoste en Isère, à une heure de Vourles. Cette usine récente de méthanisation est l’exemple type d'une économie locale, circulaire, soutenue par un fonds d’investissement régional public-privé. 

Il y a aussi un intérêt économique pour tous les acteurs qui nous confient la gestion de leurs déchets. Un déchet, une fois qu'il est produit, il faut bien en faire quelque chose.

Marie-Laure Charlot

directrice du développement Biogaz CVE

"Sur ce site,12 millions ont été investis. Pour couvrir cet investissement et toutes les charges et les frais de fonctionnement, on se rémunère essentiellement sur la vente du gaz. Cette dernière fait l'objet de soutien de l'État grâce à des dispositifs de tarifs d'achat à des niveaux garantis plus élevés que ce qui se fait avec du fossile" détaille Marie-Laure Charlot, directrice du développement Biogaz CVE. La méthanisation est une alternative de valorisation des déchets plus compétitive à l'incinération ou à l'enfouissement qui est couplé à des taxes (TGAP) qui ne cessent d'augmenter. Elle a un intérêt très fort. Tout est réalisé en local, tant la transformation que l'usage.

Finalement, on propose une solution locale de réindustrialisation, de relocalisation d'une production de gaz et d'engrais et de traitement des déchets.

Marie-Laure Charlot

directrice du développement Biogaz CVE

Dans sept à dix ans, l’usine iséroise devrait être rentable. L'entreprise ambitionne de mettre en service une soixantaine d'unités d'ici à 2030. Les pouvoirs publics souhaitent multiplier par quatre la quantité de biométhane produit dans le même délai.
De nombreuses communautés de communes rêvent de construire leur propre usine de méthanisation pour en retirer philosophie et profits. Le biogaz, c'est le futur eldorado, made in France.

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