Les activistes à l’origine de l’action et membres du collectif Riposte alimentaire ont été interpellées. Le 28 janvier, le même mouvement avait mené une action au Louvre en aspergeant «la Joconde» de soupe au potiron. Une partie du musée des Beaux-Arts de Lyon est fermé aujourd'hui.
Près de de deux semaines après la Joconde, à Paris, c’est au tour du Printemps du Claude Monet d’être aspergé de soupe. Ce samedi 10 février, deux militantes écologistes du collectif Riposte alimentaire se sont rendues au musée des Beaux-Arts de Lyon pour leur action coup de poing. «Ce printemps sera le seul qui nous restera si nous ne réagissons pas. Que vont peindre nos futurs artistes ? A quoi rêverons-nous s’il n’y a plus de printemps ?» ont ensuite clamé les deux jeunes femmes devant la peinture.
🦺 ACTION EN COURS - LYON
— Riposte Alimentaire (@riposte_alim) February 10, 2024
Samedi 10 février. 15h30
Deux citoyennes engagées avec la campagne Riposte Alimentaire ont aspergé de soupe le tableau “Le Printemps” de Claude Monet au musée des Beaux-Arts de Lyon #A22Network #Lyon #RiposteAlimentaire [1] pic.twitter.com/EBQPHQexir
La salle “impressionnistes” du musée a été immédiatement fermée et la police nationale a interpellé les deux activistes. Si le tableau de 1872 était vitré, le musée indique qu'un "constat d'état du tableau sera réalisé et suivi d'une restauration". L’établissement a donc porté plainte pour “acte de vandalisme”. Cette partie du musée ne sera pas accessible au public ce dimanche.
Une action qui cristallise les oppositions
Sur les réseaux sociaux, le happening a été largement partagé et commenté. Dans un message diffusé sur X, le maire écologiste de Lyon a dit “regretter l'action”. “Mais face à l'urgence climatique, l'angoisse est légitime. Nous y répondons par une action résolue”, a-t-il ajouté.
Je regrette l’action menée ce jour au Musée des Beaux-Arts de Lyon contre une toile de Monet.
— Grégory Doucet (@Gregorydoucet) February 10, 2024
Tout mon soutien aux équipes, contraintes de fermer une partie du musée.
Mais face à l’urgence climatique, l’angoisse est légitime. Nous y répondons par une action résolue.
Sur BFM TV Lyon, Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la culture de Lyon, a de son côté dénoncé "des actions sont contre-productives pour le message que ces militants veulent faire passer. Je condamne donc ces actes. Le tableau sera examiné par un restaurateur, on ne sait pas s’il est endommagé […]. La vitre n’est pas étanche à l’instar de la Joconde".
Ce matin les visiteurs du musée ne peuvent donc pas approcher les oeuvres impressionistes du musée des Beaux-Arts. "J’avais l’intention de me rendre dans la salle des peintures toute a l’heure, je suis déçu qu’elle soit fermée aujourd’hui. Heureusement, le tableau a été protégé par une vitre en verre", regrette Olivier Masson. Et d'ajouter : "C’est absurde, il y a beaucoup d’autres moyens pour faire parler de soi. Il suffit de sortir dans la rue avec des panneaux et revendiquer".
Un avis que ne partage pas complètement Gabrielle Garcia, 20 ans : "Être dans les rues ça ne fonctionne pas, alors que l’action de ces activistes, c’est médiatisé, ça fait le buzz, leur choix est stratégique. Après, je pense qu’elles sont quand même allées loin, je reste mitigée face à leur action. Créer une œuvre d’art, au lieu de s’attaquer à l’art aurait été plus pertinent".
"C’est bien qu’elles aient fait ça. Il faut que le monde se réveille. L’écologie, c’est hyper important. En plus, je trouve que les militantes n’ont pas dégradé l’œuvre, ça reste de la soupe, le tableau était protégé", affirme un autre visiteur, Michael Ruben.
Une action de désobéissance civile
Filmée et publiée sur le réseau social X par le mouvement écologiste, l’action avait pour objectif d’“alerter sur la crise climatique et sociale à venir”, en partie due “à notre système alimentaire et agricole défaillant”, nous indique-t-on par communiqué. L'une des deux militantes ayant aspergé le Monet témoigne de son engagement dans une vidée postée sur X.
“Je m’appelle Ilona, j’ai 20 ans, et depuis plusieurs années, j’ai décidé de rentrer en résistance civile. Que ce soit pour moi ou toutes les générations à venir, il faut agir maintenant, avant qu’il soit trop tard.” [2] pic.twitter.com/XjxlXriblD
— Riposte Alimentaire (@riposte_alim) February 10, 2024
"Nous aimons l'art", assure encore Riposte alimentaire, "mais nos futurs artistes n'auront plus rien à peindre sur une planète brûlée". Le collectif s’inscrit dans la continuité de Dernière rénovation, qui entre avril 2022 et décembre 2023, s’était fait connaître pour avoir bloqué le périphérique ou encore aspergé la façade de ministères avec de la peinture. Devenu Riposte alimentaire, il entend aujourd’hui multiplier les actions de désobéissance civile non-violente afin d’“impulser un changement radical de société sur le plan climatique et social".
Les deux militantes responsables de l’action menée sur La Joconde au musée du Louvre fin janvier devront verser une contribution citoyenne à une association d'aide aux victimes, selon le parquet de Paris.