1,20 m de neige en trois jours, une autoroute A 7 totalement engorgée et des naufragés de la route par centaines, des villages coupés du monde : il y a 50 ans, la marée blanche prenait le couloir rhodanien dans un étau hivernal inattendu.
Ceux qui l’ont vécu s’en souviennent. Impossible de faire comme si… Le 27 décembre 1970, la neige s’invite pour Noël comme jamais on l’a vécu jusque-là sous cette latitude. A Montélimar, en Ardèche et dans la Drôme, la neige tombe sans discontinuer. Une forme de l'épisode cévennol. Des voitures, on ne soupçonne que les toits, et encore. La veille, il avait commencé à neiger abondamment. Mais personne n’imaginait que cet épisode prendrait une telle ampleur. Certains villages retirés, des dizaines, sont bloqués tour à tour. On ne roule plus, les routes sont inaccessibles, les congères bloquent tout. Les lignes électriques cèdent sous le poids du grand manteau blanc.
Le long de la nationale 7 tout comme sur l’autoroute à quelques pas de là, les voitures s’amoncèlent. Plus personne ne bouge. De cette cohorte à perte de vue, on aperçoit des gens qui tentent de s’enfuir. De quitter cette mer blanche à l’infini. Dans l’après-midi du 27 décembre, le plan Orsec est déclenché, en l’absence du préfet alors en congés. Il va permettre de mobiliser les milliers de militaires sans lesquels les opérations de secours sont quasi-impossibles. Quelques Alouette III ont beau enquiller les rotations non-stop pour les cas les plus urgents, il faut du monde sur le terrain.
Les ravitaillements sont très difficiles, surtout dès que l’on prend un peu d’altitude. Partout, le système D tient lieu de méthode pour lutter contre les éléments. A peine un bout de route départementale est dégagé que les congères se recréent au bénéfice du Mistral qui s’y met à son tour. Le froid qui s’intensifie les jours suivants ne va pas faciliter les choses. Pendant trois semaines, les températures dégringolent pour atteindre -18 ° C. Enorme, comme on dit aujourd’hui !