VIDÉO. Soupçons de violences policières à Vénissieux : "Pour moi, c'est une bavure", estime une pharmacienne témoin de la scène

Nathalie Alves, pharmacienne aux Minguettes, reste choquée par la violence dont elle a été témoin. Son officine jouxte le bureau de tabac du père d'Iheb qui a fait l'objet d'une interpellation pour le moins musclée, mardi 4 juin, à Vénissieux. Pour elle, la police s'est "acharnée" sur le jeune homme de 19 ans alors qu'il était à terre. Une version que contestent les forces de l'ordre.

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"On a vu des fumigènes, il y avait beaucoup de mouvement autour de la pharmacie, alors on a décidé de fermer". Nathalie Alves raconte comment s'est terminée sa journée de travail, mardi 4 juin, peu après 19 heures. "Quand je suis sortie, j'ai vu la victime qui était au sol et qui se faisait matraquer par un policier. Il lui demandait d'arrêter, il disait : "j'ai mal à la jambe, arrêtez, je travaille au bureau de tabac, j'ai rien à voir avec ça"... Mais ça a continué et ça a été très violent, il tapait très très fort."

Pour la pharmacienne, le mot de victime est bien celui qui convient pour désigner Iheb, 19 ans, fils du patron du tabac voisin. "Il n'était pas en train de se débattre, il n'avait rien dans les mains, il était allongé au sol et demandait qu'on arrête. Il l'aurait attrapé, bousculé, tapé une fois, deux fois, je ne dis pas. Mais là, il y allait de toutes ses forces avec un bâton et un taser... C'est exagéré !"

Nathalie est d'autant plus bouleversée qu'elle entretient de bons rapports de voisinage avec le buraliste et ses enfants : "On connaît toute la famille, il n'y a jamais eu de problème". Elle ne nie pas les problèmes de stupéfiants aux alentours du petit centre commercial, mais refuse que les habitants fassent les frais de la chasse aux revendeurs. "

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Vénissieux vidéo violences policières ©France Télévisions
Il y a un trafic de drogue, ici, il y a toujours des dealers, devant. Que la police s'attaque à eux, c'est normal, elle fait son travail. Mais elle ne doit pas s'en prendre aux personnes qui n'ont rien à voir avec ça, faut pas tout mélanger !"

Un usage légitime de la violence ?


Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique". La police estime qu'il a été fait un usage légitime de la violence. Les faits se seraient produits alors que les policiers, qui appartiennent à une brigade spécialisée de terrain (BST) étaient "en surveillance d'un point de deal", à l’angle du boulevard Ambroise-Croizat et de l’avenue Jacques-Duclos. Ils auraient alors fait l'objet de jets de projectiles de la part d'une quinzaine d'individus dont certains se sont ensuite réfugiés dans le bar-tabac.

C'est à partir de là que les versions divergent. Pour les policiers, le jeune homme aurait alors "proféré des insultes et des menaces" contre les agents, qui ont voulu l'interpeller, alors qu'il "se rebellait et donnait des coups de pied". De son côté, Iheb affirme avoir protesté contre l'usage de gaz lacrymogènes qui entraient dans le commerce et incommodaient les clients. Le ton serait monté. Le jeune homme reconnait avoir proféré des injures et s'être débattu, mais pas plus. D'abord placé en garde à vue, il a été libéré pour recevoir des soins médicaux pour un tibia cassé.

Un rassemblement de soutien qui tourne aux échauffourées

Au lendemain des faits, mercredi 5 juin au soir, deux personnes ont été été arrêtées en possession de mortiers d'artifice lors d'échauffourées à Vénissieux et placées en garde à vue. Un appel à un rassemblement avait été diffusé sur les réseaux sociaux pour manifester rue Croizat pour dénoncer les violences policières. Vers 20 heures, plusieurs containers poubelles ont été incendiés dans le but de former un barrage. Le calme est revenu peu après 23 heures.

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