Procès de la "veuve noire" : "Si elle ne m’obéit pas, je vais la tuer", la relation du couple décortiquée devant les Assises de Lyon

Le procès de la veuve noire se poursuit à Lyon, les témoins se succèdent à la barre depuis trois jours. Parmi eux, les filles du couple. Rose Filippazzo, qui comparaît devant les assises du Rhône, risque la réclusion criminelle à perpétuité. Elle est accusée du meurtre de son mari, Michel Zirafa. Verdict attendu ce vendredi 4 novembre, tard dans la soirée.

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A l’audience, jeudi 3 novembre, Lisa, 20 ans, et sa grande sœur Sandrine, 29 ans. Les deux filles de Rose Filippazzo et Michel Zirafa ont livré leur témoignage, très attendu à la Cour d’Assises du Rhône. L’occasion de revenir sur les souvenirs de leur enfance, mais aussi de donner éléments sur la relation de leurs parents.

Mon père pouvait couvrir ma mère de cadeau, mais c’était une prison dorée.

Sandrine, 29 ans, l'aînée du couple à la barre

"Je vais la tuer"

"Mon père pouvait couvrir ma mère de cadeau, mais c’était une prison dorée", lance Sandrine Zirafa. Cette femme de 29 ans nuance le portrait de son père, tué en septembre 2018. Un homme qui se montrait généreux en public, mais qui voulait garder une forte influence sur son épouse, Rose Filippazzo. L’aînée reprend : "Il m’a dit un jour : si elle ne m’obéit pas, je vais la tuer'".

Le récit de Lisa, la cadette de 20 ans, dresse aussi le visage d’un homme, redouté à son domicile. "Il me faisait très peur. C’est malheureux à dire mais quand j’ai appris qu’il était mort, j’ai eu un poids en moins", énonce alors la plus jeune des filles. Lors de l’audience, elle déclare d’emblée qu’elle ne souhaite plus porter le nom de Zirafa. On la nommera désormais Lisa Filippazzo. Un témoignage-clef et fort, d’après Maître Janine Bonaggiunta, qui défend l’accusée : "Il y a un accent de sincérité chez cette jeune fille, qui a vingt ans. Elle a relu les écrits de sa mère, qui lui ont ravivé beaucoup de souvenirs."

Des épisodes de violence

A la barre, les anecdotes des deux jeunes femmes dessinent en creux le caractère de leur père. Lisa raconte, par exemple, que son père voulait tuer son chien avec un poignard alors qu’elle était enfant. Sandrine et Lisa se remémorent aussi des épisodes de violence. L’avocate de Rose Filipazzo le souligne : "Elles ont été témoins de scènes absolument horribles. Une nuit, dans une chambre d’hôtel où la petite était à côté d’eux, qu’elle était supposée dormir dans la chambre de ses parents, où elle a assisté aux coups que le père a donnés à sa femme parce qu’elle était enceinte."

Lorsque la relation entre leur père et leur mère est évoquée, les filles livrent un récit semblable à celui de leur mère, accusée. "Elles confirment la relation toxique, elles confirment les violences, reprend Me Janine Bonaggiunta. Et elles ont bien dit que si ces derniers temps, leur mère s’opposait et cassait des objets éventuels, ça n’était jamais la même violence, ce n’était jamais des coups contre le père. En revanche, elles ont soulevé le fait que la mère avait des bleus, que la mère avait des marques sur le visage et sur le cou d’étranglement, et sur le corps."

"Une histoire réécrite"

Des récits qui abasourdissent les parties civiles. Maître Marie Harmony-Belloni, qui représente le père de Michel Zirafa, l’explique : "Les témoignages étaient extrêmement lourds. Lourds pour mon client aussi qui a entendu ses petites filles avoir des propos très durs, très sévères envers leur père. Ce qui est compliqué, c’est qu’il y a eu une évolution dans le positionnement de ces deux jeunes filles." L’avocate évoque un "basculement après l’incarcération de leur mère". Selon elle, les filles ont adopté le récit de leur mère a posteriori : "Il y a les récits rédigés dans le cadre de l’incarcération de Madame Filippazzo, où elle réécrit l’histoire. Et dans cette histoire qu’elle réécrit, elle plonge leurs filles."

"Ce sont des filles qui ont souffert énormément, qui étaient dans le silence"

Maître Janine Bonaggiunta

"Quatre ans plus tard, on murit, on réfléchit. Elles peuvent enfin parler, donc elles y vont, elles n’ont rien à perdre.", réplique Me Janine Bonaggiunta. D’après l’avocate, s’il y a une évolution dans les récits, c’est aussi parce qu’il n’y a plus l’emprise de leur père. "Ce sont des filles qui ont souffert énormément, qui étaient dans le silence, dans le mutisme, parce que leur père ne voulait pas qu’elles parlent, ajoute-t-elle. J’ai le sentiment qu’elles ont passé leur vie, leur enfance dans une chambre, ne pouvant pas parler, ne pouvant pas participer à quoi que ce soit, et dans l’indifférence du père. Il n’était absolument pas proche d’elle. Toutes les deux l’ont dit, et encore plus Sandrine, l’aînée." 

Me Marie Harmony-Belloni conclut : "La situation qui est évidente, en tout cas, la réalité, c’est que le couple a atteint à une relation toxique qui était compliquée pour les deux et souffrante pour les deux." 

"Elle a voulu tuer"

L'avocat général, Thierry Luchetta a requis 16 ans de réclusion criminelle contre l'accusée, assortis de sept ans de suivi sociaux judiciaires et injonction de soins. "Elle a volontairement donné la mort, elle a pris soin d'emporter l'arme et de la jeter dans un canal. Elle a voulu tuer, c'est un geste irrémédiable", déclare ainsi le magistrat dans son réquisitoire. Et de conclure : "Une femme qui tue son mari ou son compagnon, c'est aussi grave qu'un homme qui tue son épouse ou sa compagne. Il n'y a pas lieu de faire de différence."

Rose Filippazzo, accusée du meurtre de son époux Michel Zirafa, risque la réclusion criminelle à perpétuité. Son avocate, Me Janine Bonaggiunta, demandera la clémence, invoquant de "fortes circonstances atténuantes". Le verdict sera connu ce vendredi 4 novembre, tard dans la soirée.

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