La naissance de jeunes fauconneaux est à inscrire au carnet rose. À Chassieu, les oisillons ont été observés en haut de l'antenne de télécommunications. Espèce protégée, elle a même failli disparaître dans les années 70, chaque naissance est une satisfaction pour la LPO.
Seuls les observateurs avertis savent qu'un couple de faucon pèlerins vient d'accueillir trois oisillons. En haut de la tour de communication à Chassieu, les juvéniles sont là, ils appellent leurs géniteurs d'un cri aigu.
Les membres de la LPO et du Génas club nature sont ravis. Une nouvelle nichée, c'est toujours synonyme d'une espèce qui résiste.
Un couple bien installé
Avec son gilet vert et son téléobjectif, Hélène Michat, du Génas Club Nature, scrute l'évolution des oisillons. Elle est ravie, chaque naissance est une victoire de la nature sur un monde moderne qui a bien failli éteindre cette espèce de volatiles.
"Nous procédons tous les ans à ce suivi d’un couple de faucon qui niche sur l’antenne de télécommunications de Chassieu, depuis des années 2016, dit-elle. On vient avec nos adhérents, ça nous permet de les sensibiliser, de faire connaître cette espèce."
Le couple de faucon pèlerins est là depuis une dizaine d’années. C'est en 2016, qu'il y a une première mention de reproduction sur ce site. C’est un couple "efficace" selon les observateurs, car chaque année, il y a des jeunes. Ce n’est pas toujours le cas avec d’autres couples dans la région.
"Les naissances sont régulières, il y a 3 à 4 jeunes par an, explique Hélène. Il y a de la nourriture autour (des pigeons, des étourneaux, des tourterelles), et visiblement ils sont bien dans cette cavité."
Le lieu choisi par les oiseaux présente plusieurs atouts non négligeables pour la bonne "expansion" de l'espèce.
"II y a des maisons autour, pas d'immeuble. Pour leur premier vol, il faut que les oiseaux puissent se poser assez facilement, un peu en hauteur. S'il y a des tours, ils vont se retrouver par terre, au sol, dans la rue, où ils vont se faire écraser, et puis il y a des chats des chiens qui sont pour eux prédateurs."
Les observations rendent comptent du bon fonctionnement de la famille. "D’abord les jeunes qui sont nourris par les adultes qui ramènent des proies. Les adultes volent, tournent, ça peut durer des heures. Et puis, pour informer la Lpo on va compter le nombre d'oisillons, on constate des parades (qui précèdent la ponte)."
Une espèce protégée qui revient de loin
Le faucon pèlerin est une espèce de rapace diurne. Elle est protégée car elle a failli disparaître dans les années 70 à cause de l’utilisation massive du DDT, un insecticide dans les champs.
Le produit fragilisait les coquilles des œufs, les pontes n'arrivaient pas à terme car pas les femelles n’arrivaient pas à couver, les adultes écrasaient leurs œufs.
"L'espèce se réinstalle un peu partout, explique Cyrille Frey, chargé de mission à la LPO. Elle s’approche un peu plus des villes car dans le milieu sauvage, cette espèce est associée aux falaises. Elle niche dans des cavités naturelles rocheuses. Là, elle s’approche des villes car elle trouve sa nourriture et des antennes pour se reproduire comme ici, détaille-t-il en indiquant du doigt l'édifice."
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Trois jeunes fauconneaux à Chassieu
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©Meryem YILMAZ -Genas Club Nature
Un exode rural
Depuis son retour dans le département du Rhône, les observateurs notent qu'il a des couples qui s'installent en milieu urbain, bien que cette espèce soit à l’origine rupestre.
"Cette espèce a commencé à s’intéresser à d’autres habitats, dit Cyrille, et pour l'oiseau, un immeuble ou un relais, c’est une falaise comme une autre. Dès l’instant où il trouve une cavité pour ses œufs et des proies dans les environs."
Dans le Rhône, les cavités se trouvent dans les carrières de roches massives, où nichent déjà des hiboux grand-duc qui sont des prédateurs du faucon pèlerin.
"Ça reste une espèce qui est loin d’être très commune, souligne le spécialiste des oiseaux. On assiste, déplore-t-il, à un effondrement des populations d’oiseaux en France. Cela régresse extrêmement vite. Le fait que cette espèce subsiste, cela montre que les actions de protection sont efficaces quand on a les moyens de les mener et de bien les cibler au moins à moyen terme. "