Lyon a une histoire criminelle extrêmement nourrie. Une matière première exceptionnelle pour Caroline Bertrand-Thoulon qui remonte le temps et conte les grandes affaires judiciaires en se baladant dans la ville de Lyon.
Découvrir les histoires judiciaires qui ont émaillé la vie lyonnaise sur les sites mêmes où elles se sont déroulées. C'est ce que propose Caroline Bertrand-Thoulon, dans ses visites contées. L'ancienne avocate raconte avec ferveur histoires de gangsters et grands faits divers du XXe siècle.
N'oublions pas que Lyon fut surnommée Chicago-sur-Rhône dans les années 60. La ville connait alors une grande prospérité. Les métros sont construits, les ménages s’équipent en électroménager, et on compte un nombre d’affaires criminelles sans précédent. La pègre est là, en plein centre-ville. C'est dans ou devant ces mêmes lieux que Caroline remonte le temps.
Revenir sur les lieux
Dans sa besace, Caroline Bertrand-Thoulon compte huit thématiques, elle accorde une place particulière au grand banditisme et à l’affaire du gang des Lyonnais. "Ils ont connu pour beaucoup deux guerres. Ils ont grandi pendant la seconde guerre mondiale, certains se sont battus côté résistance, d'autres, côté collabo, mais surtout, ils ont connu la guerre d'Algérie. Là-bas, à force de violence et de pratique de la torture, ceux qui n'étaient pas voyous le sont devenus. Ceux qui l'étaient déjà, se sont endurcis. Tous sont rentrés comme des loups". Le public est attentif. Il boit ses paroles et hoche de la tête pour valider. L'avocate sait ajouter la dramaturgie nécessaire à son récit et se sert des lieux pour rester captivante.
Devant des portes cochères ou devant des façades maintes fois rénovées, elle va de rebondissement en rebondissement, fait intervenir un témoin, livre quelques chiffres, montre des photos, et pour titiller encore un peu plus l'intérêt, glisse dans la conversation qu'elle tient des informations du commissaire Richard, commissaire adjoint de la PJ de l'époque, qu'elle a rencontré personnellement.
Laurent, passionné d'histoire, valide. "On connait les noms, le juge Renaud, Edmond Duval, etc. Mais notre guide y met vraiment du cœur. On s'y croirait". Jean-Claude est du même avis. Il n'est pas là par hasard, il cherche des réponses. "J'habite à Genas où il y a eu un meurtre dans un bar qui était lié au gang des Lyonnais. J'avais envie d'assouvir cette curiosité-là".
Faire vivre la justice
Parrain de Lyon, truands à l’ancienne, gangsters nouvelle génération, proxénétisme, tous les ingrédients dignes d’un polar sont réunis et Caroline Bertrand-Thoulon ajoute encore des détails pour quasiment ressusciter l'enquête du juge Renaud. "Les connexions politiques, les versements occultes, le juge est sur quelque chose de gros. Renaud, salaud, on aura ta peau ! C'était deux ans plus tôt." Et elle enchaine avec le procès avec en conclusion deux pistes sur le commanditaire du meurtre (qui n'a jamais été identifié). Elle est intarissable.
Parmi les autres thèmes, l'avocate raconte comment les tribunaux de Vichy pendant la seconde guerre mondiale ont jugé les résistants à Lyon, comment des magistrats français ont condamné des résistants dans l'enceinte des 24 colonnes.
Avec ses balades urbaines, l'ancienne avocate veut rendre la justice plus accessible. "Le grand public a beaucoup d'appétence pour le judiciaire et le fonctionnement de la justice et, en même temps, une grosse frustration de ne pas être plus impliqué'.
Et pour combler ce manque et pour les plus accros, la fondatrice de "La justice racontée" propose aussi d'assister à des procès, au pénal, en correctionnel ou de cour d'assises, pour découvrir les travers de nos contemporains.
