Une spectaculaire opération a eu lieu ce mercredi matin, 18 novembre, à Lyon. Une pirogue-vivier datant du 16e siècle a été acheminée dans les ruelles étroites du Vieux-Lyon pour être installée dans le bâtiment qui abrite le musée Gadagne et le Musée d'Histoire de Lyon.
Une pirogue-vivier du 16e siècle a été acheminée ce mercredi 18 novembre à l'Hôtel de Gadagne, qui abrite le Musée d'Histoire de Lyon et le musée des arts de la marionnette. Cette pièce phare de la prochaine exposition du Musée d'Histoire de Lyon, intitulée "Les pieds dans l'eau", vient de faire une spectaculaire entrée dans le bâtiment du Vieux-Lyon.
Une grue mobile pour installer la barque au 1er étage
Cette pièce archéologique de grande taille, pesant 800 kg, a été acheminée au musée dans des conditions exceptionnelles pour prendre place dans la première salle de la nouvelle exposition du Musée d'Histoire de Lyon (MHL) qui doit accueillir du public pour une nouvelle exposition à partir de mars 2021.
La barque-vivier a quitté Grenoble cette semaine et a été transportée par camion dans une caisse. Une grue mobile a aussi été acheminée par camion et a été installée dans la rue Gadagne. Impossible d'emprunter les escaliers trop étroits de ce bâtiment renaissance, il faire pénétrer la pirogue par une des fenêtres. La grue a servi à lever la caisse jusqu’au niveau d'une plateforme, installée à hauteur d'une salle du musée située en étage.
L'embarcation d'une largeur d'un mètre environ, mesure plus de six mètres, a été acheminée dans un sarcophage métallique. Une protection pour cette pièce archéologique restaurée mais fragile.
La rue de Gadagne a été bloquée à la circulation durant le temps des opérations.
Une longue et fragile restauration
La pirogue-vivier a été découverte par les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) lors des fouilles du parking Saint-Georges, situé dans le Vieux-Lyon non loin de l'Hôtel de Gadagne. Des fouilles menées en 2003 et 2004. Après plusieurs siècles d’abandon dans les fonds vaseux de la Saône, l’épave de cette embarcation datant du 16e siècle était fortement dégradée.Après des siècles passés dans la vase, le bois de cette barque, gorgé d'eau, avait perdu peu à peu de sa résistance mécanique. Extraire l'épave de sa gangue de boue et procéder à un séchage sans précautions auraient pu provoquer l’effondrement des planches et des déformations irréversibles, voire la destruction des parties les plus fragiles.
Elle a été restaurée pendant trois ans à l’atelier régional de conservation ARC-Nucléart (CEA - Grenoble). Cet atelier est spécialisé dans la conservation des bois archéologiques et procéde à des opérations de conservation du bois. Cette embarcation est ainsi stabilisée par imprégnation de résine synthétique soluble. Il s'agissait de saturer progressivement les fibres de bois. Ainsi pendant un an et demi, tous les éléments de l’épave ont été exposés à un brouillard d’eau et de résine chauffé à 50°C. Ensuite, l'épave a été soumise à une opération de séchage contrôlé qui a duré un an et demi. La résine en durcissant a consolidé le bois.
Quartier St-Georges, une activité portuaire importante depuis l'Antiquité
En 2003, lors du creusement du parking souterrain Saint- Georges pour la société Lyon Parc Auto, a donné lieu à la découverte de nombreux vestiges archéologiques sous la direction de l’Inrap. Les fouilles ont permis d'en apprendre plus sur cette zone urbaine depuis l’époque gallo-romaine jusqu’au milieu du 19e siècle, date de la construction des quais actuels en bordure de Saône.Les archéologues ont étudié cette zone très prolifique. Ainsi, 40 000 m3 de sédiments ont été explorés sur une hauteur de 10 mètres. Ils ont mis au jour une quantité impressionnante de vestiges, datant de l'antiquité au milieu du 19e siècle. Au total, 140 000 fragments et 1 915 objets sont découverts. De petits ossements liés à l’alimentation des habitants, des céramiques, des armes blanches, des éléments d’habillements, de la vaisselle, des ustensiles de maison et seize embarcations échouées sur cette zone. Parmi les bateaux retrouvés figuraient sept bateaux-viviers datés du 16e siècle. Il faut dire que la Saône a joué le rôle d’artère principale de circulation et d’approvisionnement de la ville de Lyon. Sur la rive droite de la rivière, une activité portuaire intense existait dans le quartier Saint-Georges depuis l'Antiquité.
A quoi servait la barque-vivier ?
L'embarcation était équipée d'un réservoir où étaient placés les poissons capturés. Il s'agissait de les conserver vivants jusqu’au moment de leur consommation ou de la distribution. Le poisson pêché dans la Saône était directement vendu frais à proximité sur le marché et conservé vivant dans le vivier de l’embarcation.
Une arrivée spectaculaire à l'hôtel de Gadagne