Entretenir la mémoire, encore et toujours, revendiquer la liberté de conscience et le refus de la guerre. Ce sont les crédo des associations qui ont rendu hommage, ce mardi 20 avril, aux "fusillés pour l'exemple de Flirey". Parmi eux Henry-Jean Prebost, un militant de la CGT du bâtiment du Rhône.
Ils étaient de la 5° compagnie du 63° régiment d'infanterie. En ce printemps 1915, le commandement français veut reprendre la Woëvre, cette partie de la Meurthe-et-Moselle conquise par les Allemands en septembre 1914. Cette occupation empêche le ravitaillement de Verdun.
Les Poilus de la 5° ont attaqué le 3 avril, puis le 4, et encore le 5, sans être relevés. Ils ont vu les morts s'amonceler, fauchés par les balles des mitrailleuses allemandes, à peine sortis des abris.
Le 18 avril 1915, à Flirey, ils refusent de monter à l'assaut. C'est l'attaque de trop.
La hiérarchie voudra fusiller tout le monde. Finalement, cinq hommes sont "tirés au sort" : Henry-Jean Prebost, Félix Baudy, Morange, tous trois syndicalistes dans le civil, Fontanaud et Coulon. Il sont "fusillés pour l'exemple".
"Il s'agissait de terroriser la troupe"
Car l'exécution des soldats refusant le combat était une pratique courante de l'armée française. Le film de Stanley Kubrick, Les Sentier de la Gloire, réalisé en 1957, raconte une histoire similaire. S'appuyant sur les travaux de l'historien Jean-Yves Le Naour, ou sur les ouvrages du Général Bach, les associations pacifistes militent pour la réhabilitation collective des poilus morts au poteau d'exécution.
Aussi ce 20 avril 2021, comme tous les 20 avril, les militants de la Libre Pensée et l'Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône (ALAMPR), accompagnés de représentants de la CGT, ont rendu hommage à Henry-Jean Prébost. Il est inhumé à la nécropole de la Doua, à Villeurbanne. Ce maçon lyonnais a en effet été réhabilité dans les années 20, à la suite d'une longue procédure. Mais sur les 634 soldats français fusillés pendant le premier conflit mondial, une quarantaine seulement a bénéficié de cette réhabilitation.
Elles rappellent que seul un député, Pierre Brizon, élu de l'Allier, s'était élevé contre cette pratique durant le conflit. Xavier Hyvert précise qu'aujourd'hui encore, leurs descendants expriment le souhait que l'opprobre jeté sur les familles soit levé. Plus symboliquement :
"C'est la reconnaissance du droit de dire non à la guerre, de la liberté de conscience de tout citoyen qui est en jeu"
En novembre 1998, Lionel Jospin, alors Premier ministre, avait souhaité que "les fusillés pour l'exemple réintègrent pleinement notre mémoire collective nationale".
23 ans plus tard, leur réhabilitation officielle n'a toujours pas été prononcée et les militants laïcs portent toujours leur mémoire comme un combat pour la paix.