En 2021, la canicule a ravagé une partie de la forêt de Pollionnay, à 15 kilomètres de Lyon. La commune et l'Office national des forêts ont décidé de planter de nouveaux arbres, en prenant en compte le changement climatique. La plantation a commencé ce mardi 12 décembre.
À une quinzaine de kilomètres à l'Ouest de Lyon, Pollionnay dispose d'une forêt communale fournie. En 2021 la canicule a ravagé une partie de cette forêt, qu'il faut désormais reboiser, en s'adaptant aux changements climatiques. C'est le but de cette plantation qui a début ce mardi 12 décembre.
Un désastre écologique
Depuis les crêtes de cette portion des monts lyonnais, on dispose désormais d'une vue dégagée sur la vallée du Rhône. Pour les Pollyonnois c'est certes plutôt joli, mais c'est surtout le résultat d'un désastre écologique. Lors de l'été 2021, très chaud et sec dans tout le pays, le secteur a été particulièrement touché par cette canicule. Sur le versant Sud, la forêt est clairsemée, c'est un euphémisme. Au lendemain de la canicule, les arbres morts ont dû être enlevés. Les quelques arbres restants, qui résistent habituellement à l’hiver, sont nus, ou roussis... dans tous les cas, ils sont mourants. "On a eu sur ce peuplement de sapins et Douglas, un gros dépérissement. Ces sapins ont vraiment du mal à rester en vie avec la sécheresse" déplore Dominique Deniau, technicien forestier pour l'Office National des Forêts (ONF) du Rhône.
7000 plants en moins d'une semaine
Au-delà de son rôle écologique, et de sa dimension historique et culturelle, la forêt de Pollionnay joue un rôle important dans la protection de la qualité de l'eau et la prévention des inondations dans le secteur. Elle garantit un équilibre précieux entre l'homme et la nature, pour les habitants, c'est une ressource indispensable, à préserver pour les générations futures.
Alors cet hiver, un an et demi après la terrible canicule qui a gravement endommagé cette forêt, la commune et l'Office National des Forêts ont décidé de tout faire pour lui donner une seconde vie, et la faire repartir de plus belle. En cinq jours, pas moins de 7000 pieds vont être plantés sur les pentes de Pollionay. Mais cette fois, l'homme va aider la nature à s'adapter : les espèces d'arbres plantés ont été spécialement choisies pour leur résistance à la chaleur et la sécheresse. "Essentiellement des pins maritimes et des pins de Salzman, que l'on trouvait surtout en territoire méditerranéen" nous explique Maxime Forestier, sylviculteur bûcheron à l'Office National des Forêts. "Il y a aussi quelques îlots de chênes verts, et plusieurs autres essences de feuillus également. L'idée est de créer une forêt dite « mosaïque », susceptible de résister à de nouvelles canicules".
Des arbres et des VTT
Pour ces cinq jours intenses de plantation à travers les cinq hectares du versant Sud de la forêt de Pollionnay, les agents de l'ONF ont été rejoints par une dizaine d'étudiants doctorants de l'INSA à Lyon. Ils sont pourtant spécialisés en science et ingénierie des matériaux, et pour la plupart, ne sont pas originaires de la région, mais ils surveillent de près leur empreinte carbone, et ne manquent jamais une occasion de la réduire. Le laboratoire MatéIS a même cofinancé, avec l'Etat, cette opération.
L'objectif est de replanter une forêt durable et respectée. Il est important pour les habitants qu'elle demeure accessible, et ouverte à une activité humaine raisonnée. Une convention a été signée avec les amateurs de VTT , qui ont pu dessiner eux-mêmes deux pistes de descente à travers cette forêt. Ils les ont ensuite façonnés eux-mêmes, en prenant garde à ne pas abîmer les jeunes plants. "On a suivi le label EnDurable de la Montain Bikers Foundation" explique Marc Dominici l'un des VTTistes "on n'a pas utilisé de machines. Tout est fait à la main, pour des centaines et des centaines d'heures de travail. Mais on est des passionnés, on ne regrette pas" conclut-il, tout sourire. "Il y a des endroits où ils passent, et des endroits où ils n'ont absolument pas le droit de passer. Comme ça nos arbres vont pousser, ils ne vont pas dépérir, et on aura une forêt qui va revivre" se réjouit Philippe Tissot, le maire de Pollionnay, qui sait que le succès de ce projet réside dans le compromis.