Ils étaient quelque 200 manifestants réunis devant la préfecture du Rhône ce mardi 2 mai 2023. Des personnes étrangères en attente de renouvellement de leur titre de séjour dont les délais exorbitants exaspèrent. Parmi elles, Alassane Sall vient tout juste d'obtenir ses nouveaux documents, après six mois d'attente et la suspension de son CDI.
Plus de six mois d’attente pour obtenir un titre de séjour. Un long délai, trop long pour Alassane Sall Le jeune Mauritanien vient tout juste de récupérer ses papiers.
Le sentiment de “vivre dans l’illégalité”
“On vit toujours dans la peur, dans le stress parce qu’on se dit que même si l’on a un CDI, même si l’on paye des impôts, même si l’on habite en France depuis 10 ans, on peut perdre notre titre de séjour”, explique Alassane. Arrivé en France en 2013, le jeune homme s’inquiète à chaque fois qu’il s’agit de renouveler ses documents.
Car la procédure, il la connaît. Deux mois avant l’expiration de son titre de séjour, il peut prendre rendez-vous en préfecture. Le problème, c’est qu' "à ce moment-là, le rendez-vous le plus proche, c'est 6 mois après”. Quatre mois durant lesquels le Mauritanien se sent “dans l’illégalité”, mais surtout, quatre mois durant lesquels il rencontre des difficultés pour travailler.
Plus de papier, plus d’emploi
“Mon CDI a été suspendu à un certain moment parce que je n’avais plus de titre de séjour valable” souligne Alassane Sall. “J’ai fait les démarches. Je suis resté quatre mois sans travailler”, ajoute le jeune homme, dont les droits ont été suspendus au cours de la période.
“Le problème, c’est que tu vas continuer à payer tes impôts de l’année dernière même si ton contrat est suspendu. Si j'avais dû me retrouver dans cette situation trop longtemps, je n'aurais pas pu présumer que j’ai derrière, que ce soit le logement ou la famille", souligne le Mauritanien, qui aurait également pu rencontrer des difficultés pour régler son loyer.
En attendant le document officiel, Alassane a dû composer avec des récépissés délivrés tous les trois mois environ, permettant à son employeur de justifier sa situation. Devant la Préfecture du Rhône, au milieu des demandeurs d’asile, il réclame que l’”on anticipe la situation de ceux qui sont réguliers, ceux qui sont là pour travailler, pour ne pas les laisser attendre pendant des années”. “Ils vont perdre des droits qu’ils ne vont pas pouvoir récupérer derrière”, conclut le Mauritanien.
Ils sont des milliers à attendre comme lui des mois, voire des années. Le 02 mai, entre 200 et 300 personnes à se sont réunies devant la préfecture du Rhône, pour l’opération “Bouge ta pref”.
Organisé par la CIMADE, la Ligue des Droits de l’Homme, Réseau Éducation Sans Frontières et le Secours Catholique, cet appel à manifester réclamait le respect du droit des étrangers et une administration digne et respectueuse des usagers.