Tout comme le facteur Cheval, Charles et Pauline Billy ont passé des années à faire de leur jardin de Civrieux d'Azergues (Rhône) un univers fantasmagorique et poétique. Ce jardin conçu comme un voyage est aujourd'hui en grand danger. Ses nouveaux propriétaires lancent un appel à l'aide.
"La première fois que j'ai visité la maison et vu le jardin, j'ai eu l'impression de découvrir un site archéologique perdu dans la jungle... Comme les temples d'Angkor ou les pyramides aztèques !" se souvient Stéphanie Fito.
La tour du Palazzo Vecchio de Florence, un temple bouddhiste thaï, des coupoles aux airs russes, des colonnades qui se souviennent d'Athènes... Ce jardin d'à peine 1500 m² est une sorte de tour du monde minéral que grignotent les herbes folles.
Pour Stéphanie et son compagnon Dimitri Loisel, c'est un coup de foudre. Le jeune couple a pas mal bourlingué entre l'Inde, le Mexique, l'Asie ou encore le Moyen-Orient et ils retrouvent soudain cet air d'ailleurs, à deux pas de Lyon.
En 2021, ils rachètent cette petite maison de Civrieux d'Azergues et surtout son incroyable jardin, où les architectures du monde entier se sont donné rendez-vous. Grâce au rêve d'un autre couple, Charles et Pauline Billy, qui, entre 1975 et 1991, ont recréé autour de leur maison les sublimes vaisseaux de pierre qu'ils avaient admirés au cours de leurs voyages. Puis, leur jardin-monde (baptisé le Jardin de Nous Deux) prenant de l'ampleur, ils l'ont partagé avec le public.
Charles Billy est décédé en 1991 et seule, son épouse a continué à entretenir le jardin, mais sans pouvoir entreprendre de nouvelles constructions. Puis la maison a été vendue et le jardin s'est endormi, la nature reprenant ses droits pendant plus de quinze ans. Avant que Stéphanie et Dimitri ne tombent amoureux de l'endroit et décident de lui rendre vie.
Un jardin en danger
Peu à peu, ils renouent avec les visites, mais uniquement sur rendez-vous. Pour ne pas être submergés par les touristes, mais surtout parce que ce jardin incroyable est aujourd'hui en grand danger. Les fondations s'affaissent, les sculptures se cassent, les intempéries rongent la pierre, il est impératif de consolider les constructions au plus vite. Les nouveaux propriétaires ont passé des jours à tailler, débroussailler, désherber, mais la restauration du bâti est un gros chantier qu'ils ne peuvent mener seuls.
Ils ont sollicité la Fondation du Patrimoine qui s'est engagée dans l'aventure. Avec le soutien du département du Rhône, elle financera près de la moitié du chantier, estimé à 95.000 euros, mais il manque encore entre 40 et 50 000 euros. La Fondation du Patrimoine a ouvert une souscription publique, pour réunir les fonds manquants.
Une course contre le temps
"Mais le temps presse, il ronge le jardin comme une lèpre et l'appel aux dons ne décolle pas assez vite" se désole Stéphanie. Le site n'étant pas classé par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), les financements par les collectivités sont compliqués. Il serait désolant que ce patrimoine privé bourré de poésie ne soit plus accessible au public ou pire s'écroule, faute de soutien.