Vidéo de violences à la prison de Villefranche-sur-Saône, "ce n'est pas un cas isolé", affirme la compagne d'un détenu

Inquiète des conditions de détention de son compagnon au centre pénitentiaire de Villefranche-sur-Saône, une femme a diffusé à la presse la vidéo d'un autre prisonnier subissant des violences de la part de surveillant. Elle témoigne.

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Dans cette prison, c’est l’anarchie”. Le ton est clair, le rythme rapide. Lina est mariée à un détenu du centre pénitentiaire de Villefranche-sur-Saône, et elle a beaucoup de choses à nous raconter. C’est elle qui a diffusé la vidéo prise à l’intérieur de la prison et qui fait le tour des médias depuis hier. On y voit un homme, un prisonnier (autre que son conjoint), prendre des coups de pied, des coups de poing, dans la cour de promenade du centre pénitentiaire de Villefrance-sur-Saône. Ceux qui s’en prennent à lui sont des surveillants.

Un climat de "violences psychologiques" 

Ce n’est pas un cas isolé, pas du tout”, assure encore Lina. “Villefranche, dans la région, tout le monde la redoute”. Elle détaille les conditions de détention de son compagnon. Les insultes, les humiliations. “Il y a beaucoup de pressions psychologiques, des repas qui sont servis froids, des détenus qui ne peuvent pas prendre leur douche, et si vous n’êtes pas content, vous vous faites tabasser. Et les surveillants ne font pas dans la dentelle”.

Plusieurs fois, dit-elle encore, elle a elle-même été témoin, au téléphone, de scène de violences. “Le 22 février, mon mari a dormi au mitard, en caleçon, et il a été menotté toute la nuit, c’est interdit par la loi”.

Jointe par l'AFP, l'administration pénitentiaire régionale a simplement confirmé que "les deux agents", vus sur les images, ont été "écartés du service, placés en absence injustifiée, depuis le 7 février. L'un, l'est jusqu'au 31 mars, l'autre jusqu'au 14 avril".

Des images choquantes 

Choquée par les images qu’elle a reçues, Lina a transmis le document à l’Observatoire international des prisons et aux journalistes du Progrès. “Cette vidéo, elle laisse très peu de place au doute”, affirme Charline Becker, coordinatrice Sud-Est de l’association lyonnaise qui agit pour le respect des droits de l'homme en milieu carcéral. “C’est-à-dire que nous quand on dénonce des violences de surveillant, en général, elles interviennent dans un cadre de maîtrise d’un détenu récalcitrant pour l’emmener au quartier disciplinaire, donc des fois, c’est flou... On ne sait pas d’où les coups partent. Mais là c’est très net, la personne est seule dans la cour de promenade, ne fait manifestement rien et les personnes arrivent et la frappent. Il n’y a rien qui semble justifier cet usage de la force”.

Jointe par l'AFP hier, l'administration pénitentiaire régionale a simplement confirmé que "les deux agents", vus sur les images, ont été "écartés du service, placés en absence injustifiée, depuis le 7 février. L'un, l'est jusqu'au 31 mars, l'autre jusqu'au 14 avril". La procureure de la République Laetitia Francart a par ailleurs annoncé qu’une enquête avait été ouverte, “violences par personne dépositaire de l'autorité publique”.

On est sur un mésusage de la force, on est sur des violences volontaires, et c’est illégal. Quand on est agent de l’Etat, on doit représenter l’Etat, même face à des personnes qui nous insultent ou qui peuvent être violentes, on a un devoir à remplir, et ce devoir-là ce n’est pas de frapper les gens” ajoute Charline Becker.

Un surveillant déjà condamné

En juillet 2022, un surveillant du centre pénitentiaire de Villefranche-sur-Saône avait été condamné en correctionnelle à 12 mois de prison avec sursis et deux ans d'interdiction d'exercer pour avoir violenté un détenu. Villefranche a une réputation très particulière depuis son ouverture, ça fait assez longtemps que nous, on publie des articles réguliers sur l’ambiance qui y règne”, précise Charline Becker. En 2017, l'association avait produit une enquête qui "détaillait le climat de violences et d'omerta qui semblait alors régner sur la prison".

Contacté, le syndicat majoritaire des surveillants de prisons, l'Union fédérale autonome pénitentiaire, n'a pas souhaité s’exprimer.

Le nombre de détenus en France a atteint un nouveau record avec 75.897 personnes incarcérées au 1er janvier, selon un dernier rapport de l'OIP, rendu public en février.

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