L'Auvergne-Rhône-Alpes est la région française la plus touchée par l'ambroisie à feuilles d'armoise. Cette plante invasive et allergène prolifère depuis plusieurs années. Les autorités sanitaires rappellent les bonnes pratiques pour limiter sa propagation.
Des feuilles ciselées, une teinte verte prononcée et la tige légèrement rouge : l'ambroisie à feuilles d'armoise se fond dans le décor au milieu des friches, parcelles agricoles ou sur le bord des routes. Et pourtant, ce n'est pas une mauvaise herbe comme une autre. Très présente en Auvergne-Rhône-Alpes, elle émet un pollen très allergisant pour l'homme lors de la saison estivale.
Les autorités sanitaires lancent un appel à la vigilance dans plusieurs départements, notamment la Savoie, pour endiguer la prolifération de cette plante invasive. Agriculture, biodiversité, santé... les dangers sont multiples. Quels sont les risques ? Les bons comportements à adopter ? Comment s'en débarrasser ? On répond aux questions que vous vous posez sur cette plante exotique.
Que faut-il craindre ?
Le premier risque induit par cette plante touche à la santé humaine. Son pollen très allergisant peut entraîner différentes réactions : rhinites, conjonctivites, réactions d’urticaire, apparition ou aggravation d'asthme allergique... En 2017, 660 000 personnes de la région, soit 10% de la population, ont dû consulter leur médecin en raison d’allergie à l’ambroisie. Un coût sanitaire évalué à plus de 40 millions d’euros.
D'autres dégâts sont à craindre, notamment sur la biodiversité. L'ambroisie contribuerait à affaiblir certaines espèces régionales. Étant très résistante au stress hydrique (manque d'eau), elle survit mieux que les plantes autochtones en période de sécheresse, ce qui participe à leur déclin.
Les agriculteurs, eux aussi, s'inquiètent de la prolifération de cette plante venue d'Amérique du Sud. De la même manière qu'avec les plantes régionales, l'ambroisie est en concurrence avec les récoltes en période estivale pour l'accès à l'eau. Sa présence peut occasionner des baisses de rendement pouvant justifier la renonciation à la récolte et d'importantes pertes économiques.
Quelles sont les populations à risque ?
Les plus jeunes sont particulièrement concernés par les risques sanitaires liés au pollen d'ambroisie. Une étude de l'Agence régionale de santé démontre que 12% des 6-9 ans ont consommé des soins remboursés en lien avec cette allergie en 2017. Un taux qui diminue avec l'âge jusqu’à la tranche 20-24 ans qui est la moins concernée (7%).
Le taux augmente ensuite progressivement avec l’âge, puis fortement à partir de 60-64 ans pour atteindre son maximum chez les 70-74 ans : près de 15% de ces personnes ont consommé des soins remboursés en lien avec l'allergie à l'ambroisie cette même année. Quel que soit l’âge, le département de la Drôme possède les taux parmi les plus élevés de la région.
Chez les plus jeunes (6-14 ans), le Cantal et le Puy-de-Dôme font également partie des départements de la région les plus concernés. Dans la plupart des tranches d’âge, les départements de Haute-Savoie et de Savoie disposent des taux les plus faibles.
Que faire lorsqu'on en trouve ?
Propriétaires, locataires, gestionnaires, occupants de parcelles publiques et privées... tout le monde peut participer à la lutte contre la prolifération de l'ambroisie. Si vous en apercevez un pied, le mieux est de l’éliminer avant pollinisation car il est difficile de l’éradiquer lorsqu’il est installé. A noter qu'un pied d’ambroisie est capable de produire des milliers de graines qui résistent des dizaines d’années dans le sol.
Cette solution est envisageable sur un terrain public ou privé, mais uniquement s'il n'y a que quelques plants. Donc si vous repérez une zone infestée, signalez-la sur la plateforme Signalement Ambroisie (application disponible sur smartphone). Un référent de votre commune traitera la demande et mettra en oeuvre les moyens nécessaires pour éradiquer les pieds.
Pourquoi l'Auvergne-Rhône-Alpes est-elle si impactée ?
Près de 90% des plans d'ambroisie en France se trouveraient dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, d'après une étude de l'ARS. Le territoire rhônalpin serait particulièrement propice au développement de cette plante avec ses vastes étendues de terres, souvent dénudées.
L'Ardèche, la Drôme, l’Isère et le Rhône sont les départements les plus exposés. Mais des disparités importantes semblent exister : les communes situées au sud de l’Ardèche, au nord et à l’ouest du Rhône et au sud de l’Isère comptent par exemple proportionnellement moins de personnes ayant consommé des soins remboursés en lien avec l’allergie à l’ambroisie que le reste du département.
Et d'après Atmo, l'ambroisie semble progresser en termes d’exposition de la population, sur les départements de front, particulièrement en Savoie et Haute-Savoie. Mais les départements auvergnats présentaient en 2016 des impacts potentiels moins forts en termes d’exposition de la population à l’ambroisie.