Au lendemain de l'agression d'un jeune stagiaire surveillant, grièvement brûlé par un détenu, les gardiens du Centre pénitentiaire d'Aiton ont assuré, ce jeudi 10 mars, un service minimum. Les syndicats lancent un cri de colère et tirent la sonnette d'alarme.
Interview. C'est un véritable "coup de gueule" mais aussi un cri d'alarme que lance Pascal Gaudot, surveillant à la prison et délégué de l'Union Fédérale Autonome Pénitentiaire.Ils ont eu des nouvelles de leur jeune collègue, hospitalisé en urgence à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon, au service des grands brûlés: "Brûlé à près de 15% au visage, au cou, à la poitrine, aux épaules et aux mains, il a été opéré dans la soirée mais devrait subir encore de nombreuses interventions."
C'est lors de la distribution du repas, mercredi midi, à laquelle participait le jeune surveillant Romain, "en stage de mise en situation", qu'un détenu lui a projeté "une casserole d'huile bouillante au visage", après l'avoir insulté. Un acte manifestement "prémédité", estime Pascal Gaudot qui fait part aujourd'hui du "réél traumatisme" sur tout le personnel.
Les agressions sont récurrentes, mais celle-ci a particulièrement marqué tout le monde. "Dans les coursives, on a entendu Romain hurler, mais on ne voyait rien. Il faut savoir qu'il n'y a qu'un seul surveillant par étage, pour près de 60 détenus. Des renforts ont été aussitôt envoyés, mais c'était traumatisant, tout le monde a été traumatisé par ses cris. C'était terrible!".
Il faudrait que l'Administration Pénitentiaire ouvre les yeux"
Ce jeudi matin, seul le "service minimum " a été assuré, les soins médicaux, et la promenade des prisonniers. "On a fait les mouvements tous ensemble. D'habitude on est tout seul. Mais on avait vraiment tous la boule au ventre. On ne sait jamais ce qui nous attend, quand on ouvre la porte d'une cellule."
Et le délégué syndical sort littéralement de ses gonds: "Il y en a assez. Au lieu de pondre des notes à la con, il faudrait que l'Administration Pénitentiaire ouvre les yeux, et nous donne des moyens! On demande déjà simplement de pouvoir travailler en binôme, et pas tout seul pour tout un étage. On fait des campagnes de recrutement, mais rien qu'entre le 1er janvier et le 31 juillet, on a eu 11 départs de surveillants, pour 2 arrivées".
Interview . Bernard Portugal & Frédéric Pasquette
Interview de Pascal Gaudot. Surveillant. Délégué UFAP