Aux assises, l'instituteur pédophile de Planaise (Savoie) veut expliquer le "désastre" de ses viols

Des actes "ignobles" qu'il va "essayer d'expliquer" aux parents des fillettes violées dans sa classe. Un ancien instituteur est jugé depuis jeudi par la cour d'assises de Savoie qui a autorisé la presse, "pour l'intérêt commun", à assister au procès.

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Que pensez-vous des pédophiles? "Mon opinion a toujours été la même et l'est toujours aujourd'hui: c'est abject et inacceptable", répond Eric Molcrette, 51 ans, accusé de viols et d'agressions sexuelles sur 19 de ses élèves de grande section de maternelle et CP, âgées de 5 et 6 ans, à l'école de Planaise, petit village de Savoie, entre 2011 et 2013. Il répond aussi d'attouchements sur 11 fillettes de 8 à 12 ans lors d'un camp de vacances équestre à Mornac-sur-Seudre (Charentes-Maritimes), à l'été 2012.

Essayer d'expliquer un processus long et complexe qui a amené à ce désastre


Cet homme au physique sportif, cheveux grisonnants, "reconnaît l'ensemble des faits" qui lui sont reprochés. Et d'expliquer, jeudi, que s'il a "tenu jusqu'à aujourd'hui" après une tentative de suicide en détention provisoire, "c'est pour essayer d'expliquer le processus long et complexe qui a amené à ce désastre".

Quand les gendarmes sont venus le chercher à son domicile le 11 avril 2013, il était "totalement surpris et nous a suivis sans résistance", raconte à l'audience le directeur d'enquête.

"Ils ont prononcé le mot viol", se remémore M. Molcrette. "C'est à ce moment que tout s'est effondré, que ces actes ignobles que j'avais commis sont devenus réels", ajoute ce père de deux enfants, qui parle d'une "addiction" contractée au "contact d'internet".

'Il faut que ça cesse' 


La lecture de l'acte d'accusation et l'énumération finale des noms de toutes les petites victimes, dont beaucoup n'ont pas conscience de ce qui leur est arrivé, se font dans un silence pénible. Dans l'assistance, les visages se crispent, un mari serre l'épaule de sa femme, une mère essuie ses larmes.

L'accusé dans son box est figé, tourné de trois-quarts vers la cour. Il ne regarde pas les parents de toute la journée. Des parents qui comme "tous les parents accompagnent leur enfant à l'école avec confiance", selon Me Daniel Cataldi, avocat de plusieurs familles.

Et s'il ne s'agit pas de faire le procès de l'Éducation nationale, l'institution sera questionnée. "Ces conneries, ces jeux du goût, il faut que ça cesse!" confie un père de Planaise, qui attend que "justice soit faite et que ça finisse"

"Faire disparaitre l'ombre et le silence"


Pour lui, "il faut qu'on en parle, comme on a parlé de Villefontaine", ce retentissant scandale d'un directeur d'école de l'Isère, déjà condamné pour recel d'images pédopornographiques avant d'être arrêté, en 2015, pour de semblables "ateliers" pervers. Et de se suicider en prison, un an plus tard, avant son procès.

Le procès devait se dérouler à huis clos mais la cour a finalement autorisé la présence de la presse. Me Cataldi a plaidé "l'intérêt commun de comprendre l'incompréhensible" et de "faire disparaître l'ombre et le silence qui ont permis la réalisation de ces faits".

"On ne va pas effacer ce qui s'est passé, mais si ça peut servir ne fût-ce qu'à une enfant, il faut un huis clos partiel", a aussi argué le père d'une victime de Mornac.

Lundi, la Fondation pour l'enfance fait citer comme témoin l'ancien ministre de l'Éducation nationale Luc Ferry, qui sera présent. En revanche, l'actuelle ministre Najat Vallaud-Belkacem, également citée, ne se présentera pas pour des raisons de procédure, selon son cabinet.

Eric Molcrette encourt 20 ans de réclusion criminelle. Verdict le 16 décembre.
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