"C'est décourageant" : le gel provoque d'importants dégâts dans les vignes en Savoie, les viticulteurs démunis

Après un début de printemps clément, les vignerons savoyards font face à un épisode de froid qui a détruit une partie de leurs récoltes. Les dégâts sont en effet considérables malgré leurs précautions pour lutter contre le gel.

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"De petites inflorescences de raisins étaient déjà sorties" souffle Jean-François Maréchal, "mais cela ne donnera plus rien, en séchant et en se déshydratant avant de tomber" poursuit le vigneron basé à Apremont.

Les bourgeons étaient bien avancés en raison d’un début de printemps clément. Mais le gel, tant redouté par les agriculteurs, a détruit l’une de ses parcelles. "Cela représente 30% de perte de récolte" estime-t-il, soit l’équivalent "d’un an de salaire", "quand on sait que 70% d’une exploitation représente les frais de fonctionnement".

"Sauver ce que l’on peut"

Installé depuis 35 ans en Savoie, Jean-François Maréchal voit les aléas climatiques se multiplier : après un épisode de grêle il y a deux ans, la sécheresse l’an dernier, cet épisode de gel est un véritable coup dur pour le vigneron qui tente malgré tout de "sauver ce qu’[il] peut". "Depuis 5h30, nous allumons des feux afin de réchauffer un peu l’atmosphère" explique-t-il, disséminant des ballots de paille sur sa parcelle, espérant gagner quelques degrés.

Pour protéger les parcelles de vignes, tous les moyens sont bons. "Dès que l’on a vu les températures attendues, nous avons vite tondu l’herbe pour éviter que l’humidité ne remonte trop près des bourgeons" explique Thomas, le fils de Jean-François Maréchal. Agé d’une vingtaine d’années, ce jeune viticulteur affirme avoir acheté sa première parcelle l’année dernière. "Elle avait bien produit" se souvient-il.

Le gel empêche aujourd’hui une très belle récolte annoncée et c’est décourageant.

Thomas Maréchal, viticulteur savoyard

"Tous les secteurs, toutes les communes, sont touchés" affirme Alexis Martinod, le directeur du syndicat des vins de Savoie, "mais on observe que le froid est plus intense sur le bas des parcelles, il stagne et c’est là où on a le plus de dégâts".

Quelles solutions ?

Pour Alexis Martinod, il est encore "trop tôt" pour dresser un bilan. "Nous avons eu des épisodes de gel particulièrement marqués en 2017, en 2021" relate-t-il. Il y a trois ans, "les températures allaient de -5 à -6 degrés" lors d’un épisode de gel redoutable qui avait fait passer la récolte en Savoie de 112 000 à 83 000 hectolitres.

"Là, nous sommes descendus à -2, -2,5 degrés donc ça fait des dégâts" poursuit le directeur du syndicat des vins de Savoie, qui appelle à observer ce que l'on appelle le contre-bourgeon. En effet, d’autres bourgeons pourraient repousser après cet épisode de gel, cependant "moins productifs" et synonymes d’une récolte plus faible. "L’année est encore longue et il existe encore des risques de grêle",

Cela commence fort avec du stress et de la fatigue.

Alexis Martinod, directeur du syndicat des vins de Savoie

"Il n’y a pas énormément de solutions" pour lutter contre le gel, selon Alexis Martinod. Parmi elles, la taille tardive : "On essaie de tailler tardivement pour essayer de faire en sorte que la vigne ne parte pas trop rapidement en production, mais le problème c’est qu’en faisant cela, on décale tout" explique-t-il, précisant que la seule technique actuelle est celle utilisée en Savoie par la famille Maréchal, autrement dit, le "brûlage de bottes de paille qui permet de faire un écran de fumée et de gagner un degré. Ce degré ne paraît être rien mais il peut sauver les vignes.".

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