Une vingtaine de personnes se sont déplacées pour faire estimer leurs objets d'art lors d'une journée d'expertises gratuites organisée mercredi à Chambéry. Parmi les statuettes et autres vases, une lettre signée Emile Zola et un recueil de poèmes de Victor Hugo ont été estimés de quelques centaines à plusieurs milliers d'euros.
Bijoux, tableaux, gravures... Comment connaître la valeur de ses objets d'art ? Une journée d'expertises gratuites était organisée mercredi 6 mars à Chambéry pour répondre aux questions des collectionneurs et des particuliers sur l'histoire de leurs biens.
Entre deux statues de marbre et plats en argent, les expertises ont réservé quelques surprises historiques signées de grands auteurs de la littérature française. "Mon vieil ami", lit-on en préambule d'une lettre datée de 1896, signée Emile Zola. Quelques mots écrits à la plume par le romancier à un destinataire inconnu, imprimés sur une reproduction de la lettre originale.
Le document est estimé entre 400 et 500 euros par le commissaire-priseur, passant à l'expertise d'un second écrit à la valeur historique bien supérieure. Sur la table, une ébauche du recueil de poèmes Les Orientales, retranscrit d'une fine écriture de la main même de Victor Hugo sur une feuille jaunie par le temps.
"Il y a certains mots qui ne sont pas dans le vrai recueil", note la vendeuse qui souhaite rester anonyme. Ce recueil, qui reste à authentifier, a une valeur de 3 000 à 4 000 euros. Si ces deux documents sont le fruit d'un héritage familial, certains vendeurs sont des collectionneurs aguerris.
Bonnes et mauvaises surprises
Clément, lui, est venu avec plusieurs vases et statuettes. Habitué des brocantes et des jolis objets, il est surtout venu pour faire expertiser un bronze du début du XXe siècle, style art nouveau. Tout est pris en compte : le poids, la taille de la statuette et la renommée de l’artiste.
"En étant raisonnable, je pense qu'il faut mettre entre 400 et 600 euros", répond Me Jean-Marie Sarrau, commissaire-priseur associé à la maison lyonnaise De Baecque. Clément repart satisfait de ses estimations, peu surpris par le résultat. "L'intérêt de la chose, quand j'achète un objet, j'aime bien regarder son historique, sa valeur, voir les matières. Cela m'intéresse beaucoup. Je ne suis pas déçu, c'est à peu près ce à quoi je m’attendais", explique le collectionneur.
A l’arrière d'un plat en argent d’origine allemande apporté par une autre vendeuse, le commissaire-priseur découvre un petit poinçon, lui permettant d'estimer l’objet entre 250 et 300 euros. Mais les estimations réservent parfois de mauvaises surprises.
Un plan de Paris, avec la carte officielle de l’exposition universelle de 1890, présenté par la même vendeuse, ne vaut finalement pas grand-chose. Huguette repart toutefois satisfaite de cette journée d'expertises. "Ça évite d’aller à Lyon, de devoir se garer, trimballer des objets qui sont parfois encombrants, lourds. C'est plus confidentiel, c'est agréable", estime la vendeuse.
"Il faut toujours se renseigner sur ce que vous avez"
Pour le commissaire-priseur, il est essentiel de bien se renseigner pour connaître la valeur d’un objet d’art. "J'ai déjà trouvé un lampadaire caché derrière un rideau, un lampadaire de Pierre Paulin [un designer français à la renommée mondiale, NDLR]. La dame allait le mettre à la poubelle et on l'a vendu 15 000 euros. (...) C'est pour ça qu'il faut toujours se renseigner sur ce que vous avez", prévient Me Jean-Marie Sarrau.
"Vous pouvez vous renseigner sur internet mais attention, parce qu'on y trouve tout et n'importe quoi, avec des gens bienveillants ou mal intentionnés. On répond à beaucoup de demandes via internet, par mail, et il vaut mieux nous envoyer une photo que de faire une bêtise", ajoute le commissaire-priseur.
En une journée, une vingtaine de personnes se sont déplacées pour faire estimer toutes sortes d’objets à Chambéry. Autant de trésors oubliés ou inconnus qui retrouveront peut-être une nouvelle vie.