Meurtre d'un policier à Chambéry: la défense plaide le doute sur l'identité du conducteur

Ce jeudi 9 juin, la tension était encore palpable à la cour d'assises de Chambéry. C'était au tour de la défense de prendre la parole. Les avocats des meurtriers présumés de Cédric Pappatico sont d'accord sur une chose: l'impossibilité d'établir l'identité du conducteur. 

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C'est Maître Savary qui a ouvert "le bal" du doute: "Êtes-vous sûrs d'avoir les bons accusés?". Pour ses premières assises, le jeune avocat a plaidé l'une des règles apprises en droit pénal: "Le doute profite à l'accusé." Et des doutes, selon lui et Maître Sauvayre, il y en aurait encore énormément. Notamment autour de Mohammed Hamied. Rien ne prouverait qu'il était dans la voiture meurtrière, rien ne prouverait qu'il était sur les lieux du cambriolage.

En revanche, les deux avocats partagent une certitude, la mort du brigadier-chef est un drame: "un drame, qui ne peut pas être réparé par une erreur de justice." Un avis partagé par leurs confrères, parfois démunis face au "très mauvais marketing judiciaire de leurs clients." 

"La sale gueule" de Kamel Abbed, comme l'a qualifié son avocat, "ne devrait pas faire de lui le coupable idéal aux yeux des jurés", selon Maître Banbanaste. Sa présence sur les lieux est indéniable, même pour le défenseur. Son "gabarit de crevette" a été formellement identifié comme étant celui d'un des "voleurs courant derrière le véhicule". "Comment pouvait-il alors le conduire en même temps?". Une question qui a aussi fait douter certains jurés, à qui la défense demandait de condamner Kamel Abbed "s'ils le souhaitaient pour vol, mais pas pour meurtre."

Tous les accusés sont jugés pour "vol avec violence ayant entraîné la mort", ce qui dispense la cour d'identifier le conducteur du 4X4 à l'origine du décès du policier.

Condamner ces hommes, ce serait affirmer, qu'ils étaient tous au volant!"

Tour à tour, les avocats ont reconnu le passé trouble de leur client, leur parcours chaotique, et pour certains d'entre eux, leur incapacité à réagir calmement dans des situations de conflits. "Voleurs", "voyous", "mais pas meurtriers et encore moins tueurs de flic", comme l'affirmait la veille l'avocat général dans son réquisitoire enflammé. Raison pour laquelle, selon Maître Scrève: "Condamner ces hommes, ce serait affirmer, qu'ils étaient tous au volant! Ce serait une erreur!"

"On surnomme mon client: "Pas de sens", je ne suis pas sûr que ce soit lui qui manque le plus de sens dans cette salle", s'est agacé Maître Scrève. Avant de rajouter: "Ce sont les réquisitions que nous avons entendues qui sont insensées. Ici, nous n'avons pas à faire à des tueurs de flic". Lors d'une longue explication, l'avocat de Rachid Bellakehal a fustigé le réquisitoire de l'avocat général qu'il juge "déloyal", avant de demander lui aussi l'acquittement de son client, comme ses confrères.

Reportage Marie Michellier, Vincent Habran et Virginie Muamba
Intervenants: Maitre Yves Sauvayre, Avocat de la défense ; Me Hervé Banbanaste, Avocat de la défense

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