L'avocat de l'un des deux militaires, qui seront jugés en comparution immédiate vendredi, affirme que son client "ne se souvient pas" du moment où lui et son collègue, en dehors de l'exercice de leur fonction, auraient menacé des civils, dans un esprit vengeur...
Mardi 3 mai, nous vous racontions l'incoyable expédition punitive menée par des militaires de Vigipirate à Chambéry le weekend dernier. Fusils d'assaut à la main et pourtant en dehors de leur service, ils auraient voulu retrouver et venger leur collègue, agressé quelques minutes plus tôt, quand les trois hommes étaient sortis en boîte de nuit. La soirée était alcoolisée, ce qui explique en partie la présumée folie de la situation.
Une dimension que la défense ne manquera manifestement pas d'utiliser lors du jugement en comparution immédiate, prévu vendredi.
"Il ne se souvient pas."
Selon Me Nkele, l'avocat du militaire agressé, son client n'a "pas de souvenirs" du moment post-agression, quand son sergent serait venu le retrouver et que les deux hommes auraient menacé des civils avec des armes.
Les faits, selon le procureur
Voici le déroulé des événements retenu, sur la base de témoignages, par Thierry Dran, procureur de la République de Chambéry :
- Trois militaires sortent de boîte de nuit. Un soldat de première classe s'interpose dans une altercation mais les agresseurs se retournent contre lui. Il reçoit des coups, dont "probablement un coup de couteau", qui lui vaudront six jours d'ITT. Il se protège sous un véhicule, tandis que les deux autres parviennent à rentrer à la caserne.
- Plus tard, voyant que le soldat de première classe n'est pas rentré à la caserne, le sergent part à sa recherche, accompagné "d'un ou deux" autres militaires. Il emmène son fusil d'assaut et celui de son "ami" disparu.
- Il retrouve le soldat. Mais les deux intéressés menacent alors des civils, avec leurs armes. Ils semblent à la recherche des agresseurs.
- Ne trouvant pas leur cible, ils rentrent à la caserne... mais le soldat agressé tente de ressortir un peu plus tard, avec son arme.
- Avant-même de franchir les grilles de l'enceinte, il tombe nez-à-nez avec la police, qui a été alertée par des témoins de la présence d'hommes armés en ville.
- Le soldat pointe son arme vers les forces de l'ordre. Ses propres collègues le ceinturent, permettant l'interpellation "sans effusion de sang".
L'alcool, mais aussi le passé douloureux du militaire
Le dernier point est nié par l'avocat. En sortant de la caserne, son client n'aurait "pas dirigé" l'arme vers les policiers ; il l'aurait seulement "maintenue" dans son sens naturel.
Le militaire aurait admis une faute, mais son avocat veut que l'on comprenne ce qui a pu déclenché son mauvais comportement. Il affirme "qu'à l'origine, (le soldat) intervenait pour séparer une bagarre", note la frustration légitime qu'il a pu ressentir face à la disparition des agresseurs, et souligne le passé douloureux de son client, tant sur le plan personnel que professionnel. Un passé qui aurait ressurgi, au moment où l'intéressé venait de rentrer à la caserne suite à l'agression.
Des arguments qui seront présentés au juge dès vendredi 6 mai, puisque les deux soldats passeront en comparution immédiate. En attendant, le soldat de première classe a été placé en détention provisoire ; le sergent, sous contrôle judiciaire.