Auteur d'un début de saison convaincant, Romain Bardet aborde le Paris-Nice en tant que leader de la formation chambérienne AG2R. L'attaquant multi-cartes endosse même le costume de prétendant à un titre. Début de l'épreuve, le 6 mars.
Question. Votre prestation sur le Tour of Oman a été particulièrement remarquée. Cette fois, vous n'avez été battu que par Vincenzo Nibali. Est-ce une bonne façon de mesurer votre progression?En deux ans, il s'est passé des choses. Ce n'est pas totalement nouveau que j'arrive à me battre avec les meilleurs, mais c'est tout de même une confirmation. En tout cas, je peux être satisfait de la façon dont la course s'est jouée. Plus j'évolue à un haut niveau, et plus les progrès sont fins à observer… et j'ai pu constater là-bas que je me rapprochais de mes objectifs.
Le week-end dernier a également été concluant, puisque vous étiez cette fois-ci à la bagarre avec des chasseurs d'étapes…
Oman et Paris-Nice sont deux types de courses très différentes, et il était très important pour moi de me réhabituer au rythme que nous pouvons trouver sur les courses françaises. En Drôme et en Ardèche, on retrouve ce stress et cette activité très intense dans le peloton. Sur cet aspect-là, Paris-Nice est vraiment un mini Tour de France, ce qu’on ne perçoit pas à Oman. Et naturellement, il faut être prêt pour ça.
Votre forme actuelle est-elle le résultat de changements majeurs dans votre préparation hivernale?On ne va pas se cacher éternellement derrière l'excuse de la jeunesse"
L'hiver a été studieux, et je savais que cela allait bien se passer. En termes de poids, je pense que je suis un tout petit peu plus lourd que certaines années à cette époque. Mais en tout cas, je n'ai pas de retard à l'allumage. Je crois aussi qu'avec les années, les bénéfices de l'expérience commencent à s'exprimer. Après tout, je sors de la catégorie des coureurs en lice pour le maillot blanc. On ne va pas se cacher éternellement derrière l'excuse de la jeunesse!
Dans quelle mesure Paris-Nice représente une échéance à part entière pour un coureur dont l'objectif principal se situe en juillet?
Paris-Nice est une échéance pour toute la communauté cycliste, en tant que première course par étapes importante sur le sol européen. Elle l'est encore davantage pour les équipes françaises, et a fortiori pour leurs leaders. J'ai souvent été déçu par le passé, parce que Paris-Nice n'est pas une course pour les purs grimpeurs. Mais j'ai l’impression que ce sera un peu différent cette année, c'est plutôt encourageant.
Vous faîtes allusion à l'ascension de la Madone d’Utelle, que vous êtes allé reconnaître…La Madone d'Utelle n’a rien d’insurmontable pour les bons coureurs de classiques"
J'y suis allé, et c'est une belle montée. Mais elle n'est pas spécialement taillée pour les grimpeurs. Je pense que même si elle est longue, elle n’a rien d’insurmontable pour les bons coureurs de classiques par exemple. Ce sera quand même l’arrivée décisive, sachant que l'étape du Mont Brouilly peut elle aussi faire bouger les choses.
Avec le programme qui s'annonce, vous aurez besoin d’un groupe solide pour affronter cette semaine…
Nous avons une belle équipe. Elle est un peu moins expérimentée que ce que nous avons aligné certaines années, mais ce sont des jeunes en pleine progression. Avec Alexis Vuillermoz, nous serons les deux coureurs protégés, et j’ai toute confiance en nos coéquipiers pour nous amener dans les meilleures conditions le plus loin possible. Pour le reste, la direction sportive va s’occuper de répartir les rôles. Et je ne vois aucune raison de freiner Alexis Gougeard, qui pourrait aussi trouver des terrains d’expression qui lui conviennent.