Un prêtre résidant en Savoie suspecté d’abus sexuel : le diocèse de Besançon lance un appel aux potentielles victimes

Le diocèse de Besançon a lancé un appel pour retrouver "d'éventuelles victimes" de Raymond Jaccard, un abbé décédé en 2021 connu pour son action auprès des lépreux camerounais. Sanctionné de son vivant après des soupçons d’abus sexuels, il résidait depuis de nombreuses années à Pugny-Chatenod, en Savoie.

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C’était l’une des figures marquantes de l’action catholique en Afrique. Né en 1931 à Villers-le-Lac, dans le Doubs, Raymond Jaccard était surnommé "le globe-trotter de la charité". Avec son frère, également prêtre, il avait accompagné des centaines de lépreux et avait conçu une prothèse connue dans le monde entier sous le nom de "prothèse Jaccard".

Décédé à l’hôpital d’Aix-les-Bains, fin 2021 à l’âge de 89 ans, il avait passé les dix dernières années de sa vie à officier comme aumônier au Monastère des sœurs de Bethléem, situé à Pugny-Chatenod, en Savoie.

Mais derrière l'image du missionnaire engagé se cache une part plus sombre. Dans un communiqué, le diocèse de Besançon révèle avoir été destinataire en avril 2020 "d'informations orales et écrites mettant en cause" cet abbé, "prêtre incardiné dans le diocèse de Besançon, pour des abus d'ordre sexuel et spirituel sur des personnes majeures".

Le 5 mai 2020, l'archevêque de Besançon, Monseigneur Jean-Luc Bouilleret, avait signalé ces faits présumés au parquet de Chambéry, l’abbé Jaccard résidant alors en Savoie. Une enquête préliminaire avait été ouverte. Il avait parallèlement saisi la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui reçoit les signalements d'abus commis par les clercs, et suspendu l’abbé Jaccard de tout ministère.

"De nombreux témoignages"

Le décès de l'abbé, en août 2021, avait mis fin à l'enquête judiciaire mais "en l'état de l'enquête, les faits dénoncés ont été corroborés par de nombreux témoignages", insiste le diocèse. Celui-ci souhaite "exprimer son implication à l'égard des victimes et sa détermination à servir la justice dans la clarté". Il "invite toute personne ou proche de personne concernée à prendre contact avec la cellule d'écoute du diocèse par téléphone, au 06.44.14.22.88" ou via le site diocese-besancon.fr"

Combien de victimes ?

Dans son communiqué, le diocèse de Besançon ne précise pas la nature de ces abus, le ou les lieux où ils auraient été commis, ni le nombre de victimes potentielles.

Des plaintes auraient-elles été déposées en Savoie, département de résidence de l’abbé ? "Dans le dossier, il y aurait deux victimes qui sembleraient liées, avec une adresse en Savoie. Mais je ne connais pas le contexte" a déclaré le procureur de la République de Chambéry, Pierre-Yves Michau, rappelant que l’enquête n'avait pas abouti à la suite du décès du mis en cause.

De son côté, le diocèse de Chambéry confirme que Raymond Jaccard était bien aumônier à Pugny-Chavanod, près d’Aix-les-Bains, mais qu’il n’a jamais eu de ministère en Savoie.

La cellule d’écoute pour les victimes d’abus sexuels, disponible pour toutes les victimes de représentants de l’Église en Savoie, assure "n’avoir jamais eu de retour" concernant l’abbé Jaccard. "Je suis responsable de cette cellule depuis 3 ans, et à l’heure d’aujourd’hui, nous n’avons pas été contactés dans cette affaire" souligne Annick Van Styvendael, coordinatrice de la cellule d’écoute du diocèse de Savoie.

"Le père Jaccard a toujours nié les faits qui lui étaient reprochés"

Dans son communiqué, le diocèse de Besançon appelle à "distinguer" les soupçons pesant sur l’abbé "des œuvres des Frères Jaccard".

Car, au cours de leur vie de missionnaires, Raymond et Pierre Jaccard ont fondé plusieurs associations pour soutenir leurs actions à l’étranger. Créée en 1991 à Besançon, l’association "Un pas avec les frères Jaccard" poursuit leurs œuvres en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Aujourd’hui basée en Savoie, elle craint d’être associée aux faits dont est soupçonné l’Abbé. "Le père Jaccard a toujours nié les faits qui lui étaient reprochés" se défend Monica Lima, l’une des responsables de l’association. Elle n’en dira pas plus.

Depuis l’appel lancé par le diocèse de Besançon, l’organisme caritatif a engagé Maître André Soulier comme avocat. Ténor du barreau lyonnais, il est connu pour avoir obtenu l’acquittement de Jean-Marie Deveaux en 1969, qui lui vaut l'ébauche de la loi sur l'indemnisation des personnes acquittées. Ou encore pour avoir défendu les parties civiles dans l’affaire de l’incendie de la discothèque du 5-7 à Saint-Laurent-du-Pont.

"L’association m’a engagé pour défendre la mémoire de Raymond Jaccard, mais aussi son œuvre, confirme le pénaliste. Elle craint pour sa réputation et veut y voir plus clair".

Depuis la publication du communiqué, le diocèse de Besançon se refuse à tout commentaire. Pourtant, de nombreuses questions demeurent. Pourquoi avoir attendu plusieurs années pour révéler ces faits ? Combien de victimes enregistrées à ce jour ? Sur ces questions, l’Eglise reste muette.

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