C'est une région prise entre deux feux à laquelle a rendu visite le responsable du plan de vaccination italien. Une région inquiète de voir les chiffres du Covid s'envoler chez ses voisines italiennes. Et choquée par la violence des récentes manifestations No Vax.
"Notre moteur est en marche, alors avançons" ! C'est avec ces paroles volontaristes qu'Alberto Cirio, le président de la Région Piémont a prévu d'accueillir le général Figliuolo, le militaire auquel l'Italie doit le succès de sa campagne de vaccination. Près de 84 % de la population âgée de plus de 12 ans a ainsi reçu ses deux doses de vaccins selon "L'Istituto Superiore di Sanità".
"Il nous faut accélérer sur la troisième dose", confiait volontiers l'édile ces derniers jours. "Et il faut le faire au plus vite pour consolider l'immunité du plus grand nombre de personnes possible".
Le nord-est italien déjà en crise
C'est qu'à quelques centaines de kilomètres de Turin, la pandémie refait parler d'elle. Dans le nord-est italien, dans le Frioul-Vénétie-Julienne et la province autonome de Bolzano, les chiffres de ces derniers 15 jours inquiètent fortement.
Les cas de Covid ont progressé pour atteindre 150 à 499 cas pour 100 000 habitants. Le record d'Italie, dans un pays où toutes les régions voient leurs chiffres prendre des couleurs qui rappellent les mauvais souvenirs de l'an dernier : quand le même nord-est italien se mettait à rougir rapidement, faisant tâche d'huile sur la Vénétie, la Lombardie. Puis le Piémont-vallée d'Aoste !
Nos voisins piémontais et valdôtains encore bons élèves
Mais nous n'en sommes pas encore là. Avec 0,6% de personnes contaminées dimanche 7 novembre, sur les près de 40 000 personnes testées, une pression sur les hôpitaux contenue et aucun décès enregistré, nos voisins les plus directs font encore figure de bons élèves de la lutte contre l'arrivée d'une 4e vague.
"C'est cette situation qu'il faut consolider justement", a renchérit aujourd'hui le président de la région Piémont. "En commençant d'injecter une troisième dose au personnel des écoles", a-t-il demandé au général en chef de la vaccination italienne.
Une requête qui tombe à pic avec la promulgation aujourd'hui par le ministre de la santé romain, du nouveau protocole Covid pour les écoles. Depuis ce 8 novembre, au-dessus de 3 cas de Covid dans une classe, toute la classe est mise en quarantaine.
Un protocole dont le but avoué est de prendre les mesures préventives de nature à éviter tout retour à l'enseignement à distance, la fameuse DAD (didattica a distanza), celle-là même qui a fait battre le pavé pendant des mois à tant de manifestants du nord au sud de la péninsule.
La pression de No Vax plus violents que jamais
Un mauvais souvenir que les manifestants d'hier voudraient bien définitivement oublier...et que ceux d'aujourd'hui voient comme l'ultime preuve de la grande "manipulation des esprits" opérée par les milieux du pouvoir.
Car ce sont les No Vax qui occupent la rue désormais. Comme à Novara, dans le Piémont toujours, le premier novembre dernier. C'est dans la petite ville située entre Turin et Milan qu'avec une infirmière non vaccinée en tête de cortège, les "complotistes" ont défilé en arborant le costume rayé de sinistre mémoire des déportés des camps de concentration nazis.
"C'est un coup de poing dans l'estomac de la communauté juive italienne", a déclaré Noemi Di Segni, le président de l'union des communauté juives italiennes.
"Honte à l'ignorance", a commenté l'association des résistants italiens. "Comparer la nécessité de se vacciner, qui représente en ce moment le seul instrument pour sauver des vies humaines, à l'extermination nazie, met en évidence la destructuration mentale des No Vax".
Las, dimanche 7 novembre, loin de faire machine arrière, c'est encore plus près de Turin que les opposants aux pass sanitaire italien ont choisi de remonter au créneau. 300 No Vax ont défilé dans le calme, mais sans laisser les déclarations provocatrices au placard.
"Si je devais avoir des personnes à mes côtés pour me défendre, je choisirais des gens comme vous", a déclaré le maire d'une commune des environs. Et le premier magistrat de comparer cette fois les "no green pass italien" aux défenseurs de la patrie de la première guerre mondiale !
Si l'on ajoute à ce tableau aux contours déjà inquiétants, des faits-divers comme celui de ce mari turinois, No Vax plus que convaincu - interpellé ce lundi par la police pour avoir maltraitée et séquestrée son épouse coupable de s'être faite vaccinée - on ne doute plus de l'utilité de la visite à Turin du chef incontesté des "Si Vax", qui restent largement majoritaires en Italie... comme en France.