"D'habitude, un travail aussi minutieux se fait dans le calme des ateliers" : au musée des Beaux-Arts de Chambéry, on restaure les œuvres en public

Ils préfèrent d'ordinaire travailler dans le calme nécessaire à leur travail d'une extrême précision. Exceptionnellement, c'est sous le regard du grand public que les restaurateurs du musée des Beaux-Arts de Chambéry travaillent en ce moment, et ce, jusqu'au 3 février prochain.

"On a rarement la chance de pouvoir assister à ce type d'opération", explique Michel Camoz, le délégué au musée des Beaux-Arts de la ville de Chambéry. "D'habitude, un travail aussi minutieux se fait plutôt dans le calme des ateliers".

Au contraire, en ce moment, c'est sous les yeux du plus large public, au cœur même de la grande salle des collections permanentes, que trois restaurateurs d'art évoluent au chevet de leur "malade". 

Un "patient" âgé de 700 ans, baptisé le Retable de la Trinité par son auteur : Bartolo di Fredi à la naissance de l'œuvre en 1397. 

Une opération de "maintien"

"Des écailles de peintures se sont soulevées en différents endroits de la toile. C'est une opération de refixage dont nous nous occupons aujourd'hui", explique Christine Mouterde, l'une des restauratrices du musée. "Mais l'on travaille aussi avec un spécialiste des supports : car l'objectif, c'est surtout de comprendre les raisons qui causent ces multiples petits dommages subis par l'œuvre."

"On essaye de détecter la moindre écaille de peinture susceptible de tomber", explique pour sa part sa collègue Catherine Gamby-Garrigos. "Hier, on a injecté une concentration de colle qui permet de refixer les parties de la couche de peinture qui se sont décollées, sans contraindre : ni la couche picturale, ni le support. C'est ce que l'on appelle, une opération de maintien". 

Des manipulations toutes en finesse donc, pour laquelle les deux restauratrices ont employé les mêmes colles et matériaux utilisés lors de la précédente restauration de grande ampleur subie par l'œuvre, au tournant du XXIe siècle. Une restauration précédente qui, d'après nos spécialistes, a parfaitement tenu dans le temps.

Un travail d'orfèvre

C'est donc ailleurs qu'il leur faut chercher les origines des maux dont souffrent la toile du Maître toscan. Et pourquoi pas dans le support de l'œuvre ? Réalisé en bois, le tableau est composé de panneaux en bois, fixés entre eux depuis près de 700 ans. Et le bois, ça travaille surtout au niveau des jointures : "Pour ces polyptyques (tableau à plusieurs volets, ndlr), de grandes dimensions, explique Jonathan Graindorge, restaurateur spécialiste des supports d'œuvres, on utilisait à cette époque-là des bois, débités puis séchés, de façon très étalée dans le temps".

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Le musée des Beaux-arts de Chambéry permet jusqu'au 3 novembre de voir ses restaurateurs d'oeuvre en action sur un tableau majeur de ses collections ©France 3 alpes

"La preuve, c'est qu'aujourd'hui encore, ils ont très peu de déformations. [...] Sur des dimensions aussi grandes que celles du haut du Retable (un panneau de 2,28 m sur 1,60m, ndlr), le support en bois a une épaisseur constante autour de 34 millimètres : ce qui prouve la maîtrise technique remarquable, aussi bien, des concepteurs du support de l'œuvre, que de l'auteur de la couche picturale elle-même", assure Jonathan Graindorge.

En résumé, un travail d'orfèvre. Vous avez jusqu'au 3 février prochain pour aller admirer l'opération de sauvegarde en cours au musée des Beaux-Arts de Chambéry. 

À noter, ce rendez-vous, jeudi 02 février, de 18 h 30 à 19 h 30 : une soirée autour du Retable de la Trinité restauré. L’équipe de restauration présentera les résultats de son intervention. Une bonne occasion de découvrir le métier. Réservation au 04 79 68 58 45 ou à cette adresse mail : publics.musees@mairie-chambery.fr

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