Le Collectif pour l'hôpital de Moûtiers, établissement dont les urgences ont été fermées en octobre 2015, déposera cette semaine un dossier auprès du Défenseur des droits, ainsi que sept autres comités défendant des services hospitaliers de proximité.
En 2015, l'hôpital de Moûtiers en Savoie - que l'on aurait pu appeler jadis "l'hôpital des skieurs" tant il était utilisé chaque hiver pour soigner les traumatismes survenus sur les pistes des Alpes - a perdu ses services des urgences et de la chirurgie. Les patients sont désormais envoyés à Albertville. Mais la contestation persiste. Le Collectif pour l'hôpital de Moûtiers et ses 300 adhérents, qui réclame la réouverture des deux services, s'apprête à saisir le Défenseur des droits.
Un dossier sera déposé d'ici la fin de la semaine auprès de cette autorité constitutionnelle indépendante, qui s'intéresse notamment aux problèmes de discrimination qui concernent l'Etat et les administrations. Le Défenseur des droits peut jouer un rôle de médiation et faire des recommandations. Il ne pourra cependant pas lui-même faire rouvrir les services.
Récit Christian Deville
Huit dossiers en France, contre une même politique de santé
Sept autres dossiers seront déposés pour contester la fermeture de services dans des hôpitaux du Finistère, de l'Aveyron, du Loiret, de la Manche, de Dordogne ou encore des Deux-Sèvres. La Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, qui regroupe une centaine de comités locaux, dénonce la "mise en danger des patients" et le "non-respect de l'égalité territoriale". Selon sa présidente, "il est temps de tirer la sonnette d'alarme".On va regrouper les patients dans des usines de soins, (...) favoriser les renoncements aux soins (,) au profit des grosses métropoles.
"Au nom des économies, on fait prendre des risques aux patients", estime la Coordination, qui craint que la situation ne "s'aggrave" avec la mise en place des futurs Groupements hospitaliers de territoire (GHT), lesquels prévoient de développer une prise en charge "graduée" des patients en mutualisant les moyens des établissements sur un territoire.
"On va regrouper les patients dans des usines de soins, ce qui va augmenter les distances vers les établissements et donc favoriser les renoncements aux soins et aussi conduire les hôpitaux à perdre leurs spécialités", dénonce Mme Derrien. "Une concentration des activités qui se fera au profit des grosses métropoles", s'inquiète-t-elle, en déplorant le manque d'information de la part du ministère de la Santé et des Agences régionales de santé (ARS) sur le contenu des GHT.