C'est désormais un rituel en Savoie. Un dimanche par an, des routiers de la région organisent un barbecue sur une aire de l'A43, et invitent leurs homologues européens. L'occasion d'échanger sur les conditions de travail et même sur la Loi Travail qui a poussé les conducteurs français au blocage.
C'est la CGT des transports qui est l'origine de cette opération. Depuis 4 ans, les Européens de la route se retrouvent autour de brochettes."On n'est pas des adversaires, ce sont les grands groupes de transport qui nous mènent la vide dure... à tous", justifie un syndicaliste qui pense à la concurrence déloyale dont sont souvent accusés les Européens de l'Est.
Reportage
Dans la fumée, un verre à la main, la discussion s'engage. "Il faut qu'on casse l'animosité des Français à l'égard de ces routiers. Eux, n'y sont pour rien si on les utilise, ce sont les transporteurs qui profitent d'eux. Le routier polonais, ce n'est pas la bête à abattre, ce n'est pas la vermine, comme j'entends souvent", explique Jean-Christophe Debiais, secrétaire adjoint de la CGT transports en Savoie.
Interview de Françoise Guais et Joëlle Ceroni
Cette fois, les Français avaient aussi des choses à dire. Ils ont expliqué pourquoi l'hexagone a été parsemé de blocages durant la semaine passée, notamment à Chambéry. Ils ont peur des effets de la Loi Travail, de son impact sur les heures supplémentaires. Ce dimanche, justement, le gouvernement espère avoir désamorcé le mouvement, en promettant que le projet de loi n'aura pas d'effet sur leurs heures supplémentaires. Les routiers redoutaient une baisse de la majoration, sous les 25%.
Pour autant, une question demeure autour du paiement des heures de nuit. Actuellement, la pause des routiers s'impose entre 22 heures et 6 heures du matin, à l'avenir ce sera entre minuit et 5 heures. Bilan, les routiers français vont perdre 4 heures de nuit.
Du coup, les opérations escargots, les blocages de zones logistiques et autres barrages filtrants, risquent encore de ponctuer la semaine.