Les familles de pensionnaires de la maison de retraite près de Chambéry, où six résidents sont morts empoisonnés par une aide-soignante, sont partagés entre colère et incompréhension.
"Pour moi c'est un monstre à qui je ne pardonnerai jamais", a déclaré Colette, fille d'une des victimes de Ludivine Chambet, soulignant que sa mère "ne voulait pas en finir avec la vie, au contraire". Elle s'exprimait à l'issue d'un entretien entre les familles de victimes et la direction du centre hospitalier de Chambéry, dont dépend l'établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Le Césalet dessous, à Jacob-Bellecombette. "S'il fallait que l'on élimine toutes les personnes qui nous embêtent parce qu'on a perdu telle ou telle personne, non, je ne suis pas d'accord", a poursuivi cette quinquagénaire, qui ne sait pas encore si elle va porter plainte.
L'aide-soignante, mise en examen et écrouée pour avoir empoisonné ou tenté d'empoisonner neuf pensionnaires, âgés de 76 à 93 ans, avait indiqué avoir été très affectée par la mort de sa mère en juin dernier, après 13 mois d'une leucémie aigüe.
Même colère pour Jean, le gendre d'une autre victime, qui espère avoir "la chance d'être vivant le jour où elle passera aux assises (...) pour lui crier de loin que c'est un monstre". "Il n'y a pas d'autres mots, je suis révolté pour ça", a-t-il lancé.
Ça devient inquiétant"
Nombre de familles de pensionnaires sont inquiètes: "en apprenant la nouvelle, j'ai téléphoné pour savoir si mon beau-père était en bonne santé et j'ai appris que c'était un autre service qui était concerné", explique soulagé, Joseph Sabatino. Il se dit "très surpris" par le geste de l'aide-soignante. "Ça devient inquiétant. Dans notre société, des personnes qui s'autorisent à mettre fin à la vie d'autres personnes, c'est inquiétant", soupire-t-il.
Même incompréhension pour Annie Arbaretaz, dont la mère est résidente dans l'Ehpad. "Jamais je n'aurais imaginé que dans cet établissement il arrive une catastrophe pareille. Je ne comprends pas", dit-elle.
L'aide-soignante assure qu'elle voulait "soulager" les pensionnaires, qui cependant n'étaient pas en fin de vie.