Devenir le Sundance européen, c'est l'objectif du festival de cinéma européen des Arcs, dont la 6ème édition réunit 800 acteurs du cinéma indépendant continental à partir de samedi dans la station savoyarde.
Lancé en 2009, ce rendez-vous annuel s'est déjà forgé une réputation de catalyseur de projets grâce à l'organisation d'événements à l'attention des professionnels du 7e Art parmi les plus prisés d'Europe.
Cette année, 800 protagonistes de l'industrie cinématographique - producteurs, vendeurs, distributeurs ou encore exploitants - sont attendus à 2.000 mètres d'altitude au rendez-vous de la station et de son marché du film. Nombre d'entre eux viennent y dénicher la perle européenne en cours de financement ou en post-production susceptible de remplir les salles de cinéma.
"Le festival est né avec l'ambition de présenter le cinéma européen indépendant sous tout son spectre, de la production à la réalisation d'un film, mais aussi d'oeuvrer à sa diffusion car il circule peu", souligne Frédéric Boyer, son directeur artistique.
À l'occasion de cette édition 2014, qui s'achèvera le samedi 20 décembre, 25 projets de coproduction européenne en recherche de participation financière - dont quatre premiers films - seront présentés durant trois jours aux professionnels accrédités. Une poignée de scènes extraites de neuf longs métrages de fiction et d'un documentaire en cours de montage leur seront également soumises.
"En dehors de la compétition, beaucoup de films projetés aux Arcs sont encore sans distributeurs ou ne seront distribués que de façon très confidentielle. Notre but, c'est de créer une émulsion autour de ces projets en mettant les professionnels en relation", souligne Frédéric Boyer, qui espère ainsi contribuer à la naissance d'une "communauté du cinéma européen".
Enclencher un "effet d'entraînement"
Depuis sa création, le festival de cinéma européen des Arcs sélectionne également chaque année une dizaine de projets menés par les talents des écoles européennes de 7e Art - cinq, dont La Fémis, seront présentes en 2014 - et organise des ateliers au cours desquels distributeurs indépendants européens et exploitants de salles de cinéma sont amenés à évoquer les enjeux du secteur.Pour épaissir leurs costumes d'entremetteurs, les organisateurs ont imaginé cette année un programme de conférences autour de la musique au cinéma pour lequel ont été conviés les acteurs de l'industrie musicale - labels, superviseurs musicaux et compositeurs. "Nous souhaitons ancrer davantage le rôle de plateforme de lancement et de financement des films européens que joue le festival", explique Pierre-Emmanuel Fleurantin.
Pour le cofondateur du rendez-vous cinématographique des Arcs, le festival américain de Sundance et son "effet d'entraînement" sur la distribution de films indépendants produits aux États-Unis et en Amérique du Nord est l'exemple à suivre.
"Sundance a contribué à enclencher une boucle vertueuse avec le public sur ce type de films. En Europe, à peine 3% des oeuvres produites chaque année en coproduction européenne sont vues", déplore-t-il, pointant le peu d'enclin des sociétés de distribution à faire le pari de ces films indépendants en raison de "la difficulté à les faire exister en termes de promotion".
Côté compétition, douze longs métrages, dont le premier film de Lucie Borleteau - "Fidelio, l'Odyssée d'Alice" -, unique représentant français en lice, tenteront au cours de cette édition 2014 de décrocher la Flèche de cristal et de succéder à "Ida", somptueuse fable en noir et blanc du Polonais Pawel Pawlikowski récompensée en 2013.
Au total, une centaine de films, dont 23 courts métrages et un focus sur l'Irlande, sont au menu cette 6e édition, dont le coût est estimé à 1,2 million d'euros par ses organisateurs. En 2013, l'événement avait attiré quelque 15.000 spectateurs.