Des outils sont disponibles en ligne pour mieux cohabiter avec les chiens de protection sur les 5 000 alpages de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ces dispositifs peuvent aider les randonneurs à localiser des troupeaux protégés par des patous ou encore à obtenir de précieux conseils et recommandations.
"Si vous avez l'habitude de pratiquer la montagne l'été, vous avez déjà dû voir débouler vers vous de bons gros molosses. Je sais que nous ne sommes pas tous à l’aise avec les animaux, mais pas de panique ! Vous êtes juste en train de déranger un patou en plein travail." Si l'ultra-traileur et passionné de montagne François d'Haene, a suffisamment d'expérience et de sang-froid pour gérer au mieux ses nombreuses rencontres avec des chiens de troupeaux, il n'en est pas forcément de même pour les milliers de randonneurs qui vont, comme chaque été, monter sur les alpages de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Des crocs, des accros et parfois des morsures
Ces chiens de troupeaux, aussi appelés "patous", sont présents en montagne pour protéger les bêtes des prédateurs : "L'augmentation du nombre de loups a engendré une hausse parallèle du nombre de chiens de protection ces dernières années", explique Sébastien Mailland Rosset, le directeur de la Société d'économie alpestre de Savoie (SEA73).
Le nombre de patous est estimé entre 7 000 et 8 000, rien que dans les Alpes. Une présence qui engendre de nombreuses questions et craintes de la part des pratiquants d'activités en montagne, mais aussi des collectivités et des professionnels du tourisme.
"Il ne faut toutefois pas dramatiser. Les rencontres entre randonneurs et chiens sans incident restent largement majoritaires. Mais, il faut traiter celles qui posent problème avec une grande attention, car il faut préserver la notion d'alpage partagé", raconte Sébastien Mailland Rosset.
Les cas de morsures existent : 41 en 2021, 67 en 2022. Tous sont parvenus sur le bureau du réseau Pastoral Auvergne-Rhône-Alpes grâce à une enquête menée depuis 2019 avec le concours de l'INRAE (Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement) de Dijon et l'Université Savoie-Mont-Blanc. Ou encore grâce aux témoignages recueillis dans le cadre du dispositif "Mon expérience avec les chiens de protection".
"On veut recenser tous les accidents qui surviennent sur nos alpages. À chaque formulaire rempli, une alerte nous arrive", explique encore Sébastien Mailland Rosset.
"L'objectif est de faire retomber la tension qui peut exister sur les alpages en été. D'abord, par le récit de ce qui s'est passé. Cela peut éviter d'avoir à subir une pression juridique plus tard. Mais aussi parce que l'information que l'on relaye au berger ou au propriétaire du troupeau peut nous permettre de trouver des solutions : par exemple, l'éducation du chien incriminé. De même que parfois, il suffit de déplacer de quelques mètres un sentier pour atténuer le risque de rencontre entre randonneurs et chiens de protection", poursuit le directeur de la SEA73.
Tout sur Map Patous
Mais avant d'en arriver au recueil de ces témoignages, il existera, d'ici le 15 juin prochain, un outil de prévention innovant : Map Patous, une carte d'Auvergne-Rhône-Alpes sur laquelle sont localisés tous les alpages protégés par des chiens.
"La carte permettra de localiser les alpages protégés, pas de renseigner les randonneurs sur la position des chiens", explique pour sa part Audrey Alluin, la référente Map Patous pour le Réseau Pastoral Auvergne-Rhône-Alpes. "Si notre objectif est bien d'informer le plus grand nombre de pratiquants sur la présence des troupeaux sur nos neuf départements, notre ambition n'est pas de faire peur en disant : 'ils sont là, n'y allez pas !' On veut avant tout se servir de Map Patous pour éduquer tout le monde à la cohabitation sur les alpages".
Chaque consultation de Map Patous, via le site "PastoKézaco" ou sur les sites de randonnées "Visorando", ou "Waffapp", sera donc accompagnée de conseils et de recommandations sur les bons gestes à adopter en cas de rencontre avec un chien de protection.
La force d'un réseau
"Ce qui fait notre force, c'est le réseau d'acteurs locaux du pastoralisme sur lequel nous pouvons nous appuyer pour permettre d'actualiser régulièrement Map Patous", explique encore celle qui est aussi l'animatrice du Plan Pastoral Territorial (PPT) de la Maurienne, en Savoie. "On s'appuiera chaque jour sur des référents locaux, que ce soient des communes, des offices du tourisme, des éleveurs ou des bergers pour mettre à jour la localisation des troupeaux. Et pour l'heure, tous ces acteurs de nos territoires ont répondu présent."
Rendez-vous donc le 15 juin prochain, pour la première carte Map Patous, nouveau "passe-partout" du randonneur qui n'a plus peur des patous.