Cinq idées reçues sur les patous, ces chiens de protection des troupeaux présents dans les alpages

Avec l'arrivée de la saison estivale, les troupeaux vont rejoindre les pâturages de montagne, parfois accompagnés de chiens de protection. Si les patous sont redoutés de certains randonneurs, des éleveurs tentent de sensibiliser au comportement de ces animaux pour éviter les incidents.

Depuis le retour du loup dans les Alpes, les éleveurs ont dû apprendre à sauvegarder leurs troupeaux contre ce prédateur. C'est ainsi que les chiens de protection ont fait leur apparition dans les alpages. S'ils peuvent effrayer les adeptes de la montagne, voire causer des incidents, ces animaux font l'objet de certaines idées reçues.

Qu'il s'agisse de leur rôle auprès des troupeaux, de leur comportement ou des attitudes à adopter en les croisant : tour d'horizon des idées reçues sur ces chiens.

Le patou est un chien de garde

Le rôle d'un gardien de troupeau est de protéger les bêtes, et non un territoire. Il ne s'agit donc pas d'un chien de garde. En alpage, qu'ils soient visibles au premier coup d'œil ou non, ces animaux ne sont jamais très éloignés de leur troupeau, qu'il s'agisse de chèvres, de moutons ou encore de vaches. Il est donc conseillé de les contourner le plus largement possible.

"Le chien est attaché, fixé au troupeau", explique Yves Lachenal, éleveur dans le massif des Aravis, en Haute-Savoie, et formateur à l'Institut de l'élevage. "Il a été élevé au milieu des animaux qu'il doit protéger. La première chose dont il a conscience à part sa mère, ses frères et sœurs, c'est un troupeau. Et ça va être la norme pour toute sa vie."

Ce sont des chiens agressifs

Ces animaux ont pour instinct de protéger leur troupeau des grands prédateurs comme le loup. Ils vont donc établir une zone de protection et dissuader ceux qu'ils perçoivent comme un danger, sans pour autant les attaquer.

"Un chien de protection est à l'opposé d'un chien de conduite, comme le border collie qui a un comportement de prédateur sans aller jusqu'à la mise à mort. Il va encercler les animaux, les fixer... Les chiens de protection ont souvent des oreilles tombantes, la queue basse et ont une capacité à se déplacer doucement", poursuit Yves Lachenal. "Ce sont des chiens impressionnants mais foncièrement gentils."

Tous les chiens gardiens de troupeau sont des patous

Contrairement à ce que laisse penser l'expression consacrée, les patous ne sont pas les seuls gardiens de troupeaux. Du vieux français "pastre", qui signifie berger, ce terme désigne la race montagne des Pyrénées, des chiens imposants souvent utilisés par les éleveurs dans les alpages. Mais il en existe bien d'autres.

"Toutes les races sont aptes à protéger les troupeaux. Il faut juste sélectionner les lignées qui sont le plus calme possible pour avoir des chiens qui sachent se faire accepter par un troupeau de chèvres", commente l'éleveur qui possède notamment un chien de race Kangal et un Mâtin espagnol.

Ce sont des animaux de compagnie

S'ils sont calmes et rarement agressifs, les chiens gardiens de troupeau ne sont pas pour autant de grosses peluches. "Ce ne sont pas des chiens de compagnie, prévient Yves Lachenal. Ils sont familiarisés à l'homme, mais il ne faut rien qui entre en concurrence avec l'attachement au troupeau. Tout ce qui est agréable doit se passer au sein du troupeau."

Il existe aujourd'hui plus de 6 000 chiens de protection en montagne pour une centaine d'incidents recensés en 2023 entre des promeneurs et ces chiens. Raison pour laquelle il est primordial de savoir décrypter leurs comportements.

Si le chien semble menaçant, mieux vaut s'enfuir

"Quand on est en alpage et qu'on voit qu'il y a des chiens de protection, il faut rester calme", prévient Léna Durbecker, chargée de mission alpages à la société d'économie alpestre. Même si l'animal aboie à l'approche de promeneurs, il ne s'agit pas d'une menace.

"C'est impressionnant mais il faut les laisser venir en s'arrêtant ou en marchant tout doucement et lui parler, ce qui va l'apaiser. Surtout, il ne faut pas le regarder dans les yeux parce qu'il percevra ça comme une confrontation", insiste Léna Durbecker, ajoutant qu'il ne faut pas essayer de les caresser et garder les bras près du corps. "Dans la plupart des cas, cela se passe très bien. Le chien va repartir vers le troupeau ou marcher près de vous."

Selon une synthèse du Réseau pastoral Auvergne-Rhône-Alpes, qui recense les incidents liés aux patous, les trailers et vététistes feraient davantage l'objet d'attitudes menaçantes de ces chiens, possiblement à cause de leur vitesse de déplacement.

"Si le chien a le poil ébouriffé et la queue qui bat fort, ça veut dire qu'il est encore énervé, donc il faut prendre le temps, se poser quelques minutes pour qu'il se calme", conseille la chargée de mission. Les pratiquants de la montagne informés de la présence de chiens sur leur itinéraire semblent, eux, moins concernés par des comportements hostiles.

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