Les skieurs de descente et de Super-G profitent d'une coupure dans le calendrier pour s'entrainer dans les Alpes. Parmi eux, Johan Clarey, Savoyard de 39 ans à qui il ne manque plus que l'or pour briller.
Un petit tour d'observation, et c'est parti pour la recherche de la courbe parfaite. Johan Clarey et ses coéquipiers ont profité du grand cirque blanc de Courchevel (Savoie) pour un entraînement, jeudi 20 février. Le stade Emile Allais, théâtre habituel des joutes féminines de la Coupe du monde de ski alpin, s'est improvisé camp de base de l'équipe de France de vitesse.
"On a (eu) deux journées de travail, de mise au point des derniers détails qui feront peut-être la différence sur la dernière course. Et nous faire passer de 3, 4, 5 à... on espère mieux", songe l'entraîneur du groupe vitesse de l'équipe de France, Christophe Saioni. Car si Alexis Pinturault et Clément Noël attirent tous les regards cette saison, les descendeurs, un peu plus discrets, réalisent aussi quelques belles performances. C'est le cas d'un certain Johan Clarey, déjà auteur de deux podiums cette saison.
A 39 ans, le skieur de Tignes (Savoie) réalise l'une de ses meilleures saisons. "Je suis très content (...) surtout en descente où j'ai été régulier, je joue devant à chaque fois. Le Super-G, c'est un petit peu plus difficile donc c'est pour ça qu'on est ici pour travailler", ajoute le natif d'Annecy qui s'est distingué la saison dernière en devenant vice-champion du monde de la discipline, faisant de lui le plus vieux médaillé de l'histoire des Mondiaux de ski alpin.
"Ca fait rêver"
"On sait que la vitesse, il faut prendre des risques, il faut être courageux donc quand on a 20 ans ça va, mais à 39 ans, il joue plus sur l'expérience que sur la fougue, analyse le chef du groupe vitesse, Xavier Fournier. Mais il m'impressionne un peu cet hiver parce qu'il est toujours là. Les descentes sont difficiles, les entraînements sont difficiles et il est toujours d'attaque, toujours hyper positif."
Une éclosion tardive pour un skieur généreux qui fait le bonheur de ses coéquipiers. "Je pense que c'est vraiment un plus pour notre groupe du fait de sa maturité et de son expérience. C'est surtout un exemple à suivre parce qu'il a une rigueur incroyable, un niveau de ski incroyable et faire ce qu'il fait à son âge, franchement ça fait rêver", s'enthousiasme Blaise Giezendanner, skieur alpin membre de l'équipe de France.
Et comme le bon vin, Johan Clarey se bonifie avec l'âge. "Tout le monde me dit ça, plaisante-t-il. J'ai pas vraiment d'explication pourquoi je suis aussi performant et je fais mes meilleures saisons maintenant. J'ai toujours tout fait tard dans ma vie, c'est ce que m'a dit ma mère donc pour ma carrière, c'est pareille, je fais les plus belles choses tard mais tant mieux. Il vaut mieux tard que jamais."
L'homme le plus rapide du monde
Johan Clarey n'a pourtant pas été épargné au cours de sa carrière. Le skieur a connu de multiples blessures puis un choc, le décès accidentel de son coéquipier et ami, David Poisson, lors d'un entraînement au Canada en 2017. Mais Johan Clarey n'a jamais douté. En 2013, il est devenu l'homme le plus rapide du monde, flashé à 161,9 km/h lors de la descente de Wengen.
"A chaque fois que je vais à Wengen, on ne me parle que de ça, raconte le Savoyard. Le record, je pense qu'il va tenir encore très longtemps. Après c'est anecdotique mais c'est plutôt sympa au final." Aujourd'hui, il ne manquerait plus qu'une victoire en Coupe du monde pour que le bonheur de Johan Clarey soit complet.
"On mérite tous de gagner des courses, on en a tous envie. Mais lui, par son expérience, par sa carrière, par l'aura qu'il dégage, on a tous envie de le voir gagner. Le jour où il va gagner une course, je vais pleurer comme un gamin à l'arrivée, c'est sûr", livre son coéquipier Blaise Giezendanner. Malgré les risques, malgré les blessures, malgré les années, l'envie est toujours là. Les résultats aussi. Et pour quelque temps encore, le grand cirque blanc verra Johan Clarey s'aligner dans le portillon.