JO d'hiver 2030 : le CIO "très confiant" dans la candidature des Alpes, les opposants dénoncent un projet "inquiétant"

Le Comité international olympique (CIO) a terminé, ce vendredi 26 avril, sa visite dans les Alpes afin d'étudier la candidature française pour l'organisation des JO d'hiver 2030. Le CIO s'est dit "très confiant", alors que les oppositions continuent de la part de collectifs et d'associations.

La candidature des Alpes françaises pour les Jeux olympiques d'hiver 2030, avec 1 à 2 milliards d'euros d'investissements dans les infrastructures, a rassuré le Comité international olympique (CIO), qui s'est dit "très confiant", ce vendredi 26 avril, dans la capacité du dossier tricolore à livrer les équipements nécessaires.

Préférées par le CIO aux candidatures de la Suisse ou de la Suède, les Alpes françaises sont aujourd'hui les seules à postuler pour l'organisation de cet événement planétaire. Au terme d'une visite de cinq jours dans les deux régions, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, qui portent cette candidature, Karl Stoss, président de la "Commission de futur hôte des Jeux olympiques d'hiver du CIO", a toutefois rappelé devant la presse que le délai de cinq ans et demi avant ces JO n'étaient "pas un grand laps de temps".

Impressionné par la visite des équipements présentés dans les Alpes du Nord, tout à fait "dans les règles de l'art", Karl Stoss a ainsi souligné qu'"il reste du travail à faire" à Nice, qui doit accueillir les sports de glace. "Il y a des équipements vétustes, mais je suis confiant, l'investissement ne sera pas colossal", a estimé l'Autrichien, plaidant au passage pour un "regroupement" des différentes épreuves.

Entre 1 et 2 milliards d'euros investis, des centaines de millions économisés

Président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, accompagné de Renaud Muselier, son homologue pour la région Paca, a précisé que, "à date", les dépenses d'infrastructure, avec notamment la construction "d'ascenseurs valléens" dans certaines stations, pourraient être comprises entre 1 et 2 milliards d'euros, un montant à affiner d'ici l'été.

"Nous avons l'héritage des Jeux d'Albertville de 1992, qui est un trésor, et nous allons utiliser des équipements déjà existants comme la piste de bobsleigh de La Plagne, soit 150 millions économisés, ou le tremplin de saut à ski de Courchevel, 100 millions économisés en le rallongeant simplement de 11 mètres", a promis l'élu. Il a ainsi souhaité que "les Jeux s'adaptent à la montagne" et non que "la montagne s'adapte aux Jeux".

L'aménagement de ces nouvelles infrastructures devrait donner lieu, comme pour les JO d'été 2024 de Paris, à la création d'un établissement public, a précisé Laurent Wauquiez. Selon David Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), le budget du comité d'organisation des JO 2030 pourrait être de 1,975 milliard d'euros, soit moins de la moitié de celui de Paris 2024 (4,4 milliards d'euros). Dans ce budget, qui a vocation à s'équilibrer, les recettes de billetterie sont évaluées à 235 millions d'euros pour 2030, contre 1,3 milliard pour Paris 2024.

Vers un feu vert en juillet ?

Entre le 12 et le 14 juin, le CIO doit réunir à Lausanne sa commission exécutive, pour qu'elle donne son feu vert éventuel à la candidature des Alpes françaises, laquelle sera ensuite soumise au vote des membres du CIO lors d'une réunion à Paris le 24 juillet, deux jours avant le début des Jeux d'été dans la capitale française.

"Il n'y a aucune raison pour que la commission exécutive ne recommande pas de voter pour les Alpes françaises", a assuré David Lappartient. Ce vote doit en même temps valider la candidature américaine de Salt Lake City pour les JO d'hiver de 2034.

De nombreuses oppositions

De nombreux collectifs se sont formés en opposition à ces Jeux olympiques et des premiers rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes des Alpes ces derniers mois. Élus et associations pointent les risques écologique et économique que représente cet événement mondial, malgré la volonté d'utiliser au maximum des infrastructures existantes.

Le collectif Tarentaise Citoyenne s'est rassemblé, ce samedi, sur la commune de Bozel, en Savoie, pour réfléchir sur l'avenir des montagnes : "Tous les rapports du GIEC et des rapports scientifiques nous expliquent que l'économie du ski ne peut pas durer éternellement. Il faut penser à la transition des métiers de la montagne et de l'économie du ski. Il faut penser à la transition de nos montagnes, qui restent des réservoirs pour la biodiversité", explique Marie, membre du collectif.

Selon elle, les arguments sur des Jeux plus écologiques sont uniquement de façade : "On n'y croit pas. Parce qu'au sujet des 'transports collectifs durables', il faut quand même faire venir des athlètes et des spectateurs du monde entier. Donc il y a quand même des transports aériens assez énormes. (...) Ensuite, des Jeux durables, on n'y croit pas non plus. Des dameuses solaires, comme on nous les vend, n'ont pas d'effet positif sur la ressource en eau ou la biodiversité."

Christophe s'est joint au pique-nique du collectif. Lui aussi a fait part de ses doutes : "Je suis inquiet. J'ai travaillé 40 ans dans les remontées mécaniques à Pralognan-la-Vanoise. Le réchauffement climatique, on l'a senti toutes ces dernières années.

Christophe, membre du collectif Tarentaise Citoyenne.

"Si on s'oppose à ces Jeux, c'est pour plein de raisons. Une des raisons est que ces JO nous empêchent de déjà penser à la transition ici (en vallée de la Tarentaise). On aimerait du changement. Les stations qui continuent de se développer, qui dépassent leurs objectifs d'artificialisation du SCoT (schéma de cohérence territoriale, ndlr) comme Courchevel, par exemple, ce n'est plus possible", poursuit-elle.

Christophe s'est joint au pique-nique du collectif. Lui aussi a fait part de ses doutes : "Je suis inquiet. J'ai travaillé 40 ans dans les remontées mécaniques à Pralognan-la-Vanoise. Le réchauffement climatique, on l'a senti toutes ces dernières années : les fins de saison difficile, les gros redoux, les flux de nord puis les flux du sud... Ces dernières années, on a vu du sable du Sahara se déposer sur nos montagnes. Je n'avais jamais vu ça."

"J'ai revu des collègues cet hiver à Champagny-en-Vanoise. L'un d'entre eux me disait que ça devient de plus en plus difficile de faire de la neige. C'est une réalité. Ça devient difficile pour les stations de basse altitude, puisque pour produire de la bonne neige, il faut des températures de -3 ou -4 degrés", observe-t-il.

Dans la candidature des Alpes françaises, les stations de la vallée de la Tarentaise devraient organiser plusieurs épreuves, dont le saut à ski, le combiné nordique et certaines courses de ski alpin.

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