Tributaires de la neige, les moniteurs de ski se trouvent souvent dans une situation précaire. Difficile pour autant d'en faire une généralité. Mais ceux de ski alpins de La Féclaz, en Savoie, n'échappent pas à la règle. Et la saison, jusque là difficile, redémarre enfin.
A l'école du ski français (ESF) de La Féclaz, en Savoie, ils sont 58 moniteurs de ski alpins dont seulement 25 permanents. Travailleurs indépendants, ils sont payés à la leçon. Leçon sur laquelle l'école de ski retient 18% du montant. C'est à la fin de la saison que les cotisations sociales pimentent la note. Les jeunes moniteurs doivent donc vite apprendre à jongler avec elles. Et quand le manque de neige s'ajoute à l'addition, leur situation devient plus difficile à gérer.
"Cette année, la neige est arrivée tardivement. Nous avons eu un manque à gagner pendant trois semaines, notamment celles des vacances de Noël", explique Gilles Bal directeur technique de l'ESF. Et qui dit moins de poudreuse, dit moins de cours et donc moins de revenus pour les moniteurs.
Reportage Xavier Schmitt et Didier Albrand
Apprendre à être économe
Maxence, un jeune moniteur fraîchement diplômé évalue ses pertes de revenus à près de 3000€ cette saison, par rapport à l'an passé, à cause du manque de neige. "En tant que profession libérale, nous payons des cotisations auprès de l'URSSAF et du RSI entre autres, dès début janvier et jusqu'au printemps. Dans la mesure où les organismes se basent sur la saison précédente, une somme plus importante que le chiffre que j'aurai réalisé sera donc prélevée de mes revenus. L'année prochaine cela se régulera, mais il faut apprendre à être économe quand on fait ce métier. En général, à la fin de la saison, je garde un peu plus de la moitié des revenus que j'ai générés", précise-t-il.La formation de moniteur est longue et coûteuse. Il faut entre 4 et 5 ans pour décrocher la petite médaille, certifiant l'obtention du diplôme d'état, fièrement épinglé à la tenue des professeurs de ski alpin. "C'est un métier de passionnés. Il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus et beaucoup de candidats en formation pour peu de postes à pourvoir. Il faut savoir être patient et attendre son tour", explique Florian, moniteur en apprentissage.
La plupart des moniteurs de ski complètent ce travail saisonnier avec une autre profession. Souvent, c'est l'intérim qui permet à ces amateurs de poudreuse de joindre les deux bouts, grâce à sa flexibilité. D'autant que leur passion leur coûte aussi de l'argent: "Nous devons payer notre équipement. Ma tenue, par exemple, m'est revenue à près de 600€. Mais on s'entraide et on essaye autant que nous le pouvons de donner nos anciennes tenues aux nouveaux, pour leur éviter des dépenses."
A La Féclaz c'est l'entraide qui prime, et la station essaye au maximum de partager équitablement les cours entre les différents moniteurs, même si leur ancienneté reste prise en compte.