Législatives 2024. "Surpris", "préoccupés" ou "pleins d'espoir", nos voisins italiens suivent avec intérêt les élections en France

Qu'ils soient de gauche ou de droite, voire d'extrême droite, nos voisins italiens s'intéressent à la politique française. Une équipe de France 3 Alpes s'est rendue dans le Piémont pour recueillir les réactions et points de vue des élus locaux. Entre "surprise", "perplexité" ou "espoir", tous suivent avec intérêt la campagne des législatives en France

"Ça pourrait faire le scénario d'un bon film de Monicelli !" Dans le bureau de Madame la Maire de Settimo Torinese (Piémont), la scène rocambolesque d'Eric Ciotti, le président du parti "Les Républicains", retranché dans son bureau parisien n'est pas passé inaperçu.

Évoquer le réalisateur de quelques-unes des comédies à l'italienne les plus célèbres du cinéma pour parler de politique française est pourtant loin d'être une habitude pour cette élue de gauche.

Comme la plupart de ses collègues du PD (Partito Democratico), le parti dominant du centre gauche italien, Elena Piastra - qui fait d'habitude référence à "l'esprit de grandeur" de la France, ou aux valeurs portées par notre "Liberté, Egalité et Fraternité" - n'en est pas encore revenue.

"Une dissolution comme ça : impossible en Italie"

"La décision de votre président nous a tellement surpris le soir du vote, que l'on n'a plus parlé que de ça les jours suivants. Ici en mairie, mais aussi avec les autres candidats", explique la jeune maire (40 ans), encore déconcertée.

Le plus étonnant, c'est la vitesse à laquelle il a dissous. Comme ça. Immédiatement après le vote... En Italie, c'est une décision qui aurait pris des mois. De la part de l'un des gouvernements les plus solides d'Europe, c'est surprenant !

Elena Piastra

Maire (centre gauche) de Settimo Torinese

Une surprise largement partagée à quelques kilomètres de là, dans un autre bastion du centre gauche italien : Turin. Même si dans la capitale du Piémont, l'on n'envisage pas la question de l'unité de la gauche française tout à fait du même œil. Et pour cause !

"On croyait nos voisins français à l'abri de cela"

Si à Settimo, Elena Piastra vient d'être largement réélue maire avec 75% des suffrages grâce à l'union de tous les partis de gauche, à Turin, le maire doit "batailler" chaque jour avec un parti populiste "5 étoiles" revanchard.

"Malheureusement, c'est l'Italie qui a ouvert la voie en devenant le premier pays d'Europe de l'ouest à avoir un gouvernement dirigé par une personne qui vient d'une droite d'origine non démocratique", explique Jacopo Rosatelli.

L'adjoint au maire de Turin, chargé des relations internationales, se dit préoccupé par la situation politique en France : "On croyait jusque-là que nos voisins français étaient à l'abri de cela... Parce que, pour nous, les valeurs portées par la Révolution française sont devenues celles de l'Europe. Pour les défendre, la seule solution est de faire barrage. Si vous réussissez à échapper à un gouvernement d'extrême droite, et que vous avez à la place un exécutif dirigé par quelque autre personnalité du monde démocratique ; qu'elle soit gaulliste, libérale ou issue de la gauche, alors je suis convaincu que l'exemple de la France fera école en Europe." 

"Une belle surprise et un motif d'espoir"

Dans le camp d'en-face, changement de décor... et de point de vue. Au-dessus des toits de Turin, au dernier étage du gratte-ciel flambant neuf, siège de la Région Piémont, on voit d'un œil plutôt serein l'éventuelle arrivée d'un gouvernement "ami" dirigé par le Rassemblement National. 

Roberto Ravello vient de décrocher son fauteuil de conseiller régional sous les couleurs de "Giorgia", la présidente du Conseil des ministres d'Italie Giorgia Meloni, également présidente du parti d'extrême droite "Fratelli d'Italia".

"Pour nous, le vote des Français a été une belle surprise et un motif d'espoir. Tout ce qui peut aller dans le sens d'un renforcement du mouvement qui a porté notre parti "Fratelli d'Italia" au pouvoir est le bien venu. Si à présent, on peut lui faire franchir la frontière des Alpes pour l'étendre à la France, ça suscite forcément chez nous un grand intérêt".

Et quand on lui parle de la froideur des relations entre Giorgia Meloni et Marine Le Pen relatée dans la presse, Roberto Ravello ne semble pas plus inquiet que cela.

Si un gouvernement de notre couleur politique venait à être élu en France, quand nous nous mettrons à la table des négociations pour travailler ensemble, nous saurions pouvoir compter sur des partenaires qui pensent comme nous.

Roberto Ravello

Conseiller régional (extrême droite) du Piémont

Le conseiller régional compte tout particulièrement sur les origines piémontaises de Jordan Bardella, président du Rassemblement National et postulant au siège de Premier ministre, pour mettre encore un peu plus d'huile dans les rouages entre les deux partis d'extrême droite .

"Les Piémontais ont émigré partout dans le monde, vous savez. Mais c'est vrai que ses origines piémontaises ne peuvent que nous inciter à croire qu'il nous réservera quelques belles surprises", espère Roberto Ravello.

 

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