Une plainte contre X pour "pratiques douteuses" a été déposée par les opposants au projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin, parallèlement à un recours devant le Conseil d'Etat.
La plainte, qui remonte à l'automne, porte "sur diverses pratiques qui nous paraissent profondément douteuses au sein de Lyon-Turin Ferroviaire, et notamment la divulgation d'évaluations internes dans la presse italienne alors qu'un appel d'offres était en cours", a précisé Daniel Ibanez, membre de la coordination des opposants au projet.
Publié en décembre 2012, l'appel d'offres concernant le chantier d'une galerie de reconnaissance de 9km, estimé officiellement entre 250 et 500 millions d'euros, contredisait une évaluation interne, rapportée huit mois plus tôt dans la presse, qui le chiffrait à 450 millions. "Quand vous annoncez à tout le monde le prix que vous attendez, plus besoin d'appel d'offres. C'est complètement illégal", a déploré Daniel Ibanez, indiquant que la plainte, initialement déposée à Paris, est revenue depuis au parquet de Chambéry.
Un recours en préparation
Par ailleurs, un recours de "210 pages et près de 1200 requérants individuels", portant sur "une présomption de conflits d'intérêts, de défaut d'impartialité et de dépendance des quatre commissaires-enquêteurs" - ayant réalisé l'enquête publique préalable au projet - doit être déposé "dans la semaine" devant le Conseil d'Etat, selon la coordination d'opposants. Cette dernière reproche notamment à l'un des commissaires-enquêteurs ses liens "plus qu'étroits" avec le Conservatoire d'espaces naturels de Savoie, une association "dont il est le président et qui a pour partenaire financier Lyon-Turin Ferroviaire (LTF)", a ajouté Daniel Ibanez. "Le recours a été signé par de nombreux députés et sénateurs français et européens, dont dix-huit Italiens", a-t-il également souligné.
Cette plainte et ce recours contre le projet Lyon-Turin, qui compte de nombreux opposants des deux côtés des Alpes, interviennent deux mois après l'approbation parlementaire de l'accord franco-italien sur la réalisation de la liaison ferroviaire, signé en janvier 2012.
Fin novembre, quelque 600 opposants à sa réalisation s'étaient heurtés aux forces de l'ordre en marge du sommet franco-italien organisé à Rome.
Le projet Lyon-Turin vise à réduire le temps du trajet Paris-Milan de 7 à 4 heures et permettre de basculer de la route vers les rails le trafic de marchandises traversant les Alpes. Programmés pour démarrer à la fin 2014, les travaux du chantier de la liaison ferroviaire, dont la durée est encore indéterminée, ont été estimés à 26 milliards d'euros.