"Lindsey Vonn, le retour", "Princesse Shiffrin" ou "Ligety le géant, épisode 3", tout est en place pour que les Mondiaux de Beaver Creek, à partir du mardi 3 février, soient un blockbuster sans précédent pour le ski américain. Mais la France tient aussi en Alexis Pinturault un premier rôle.
C'est la troisième fois, après 1989 et 1999, que le gotha mondial du ski alpin converge vers les stations chic de Beaver Creek et Vail, à deux heures de route de Denver. Les précédents rendez-vous planétaires dans la région n'avaient guère souri au pays-hôte, avec seulement deux médailles remportées par la seule Tamara McKinney en 1989 (or en combiné, bronze en slalom).
Le bilan devrait être tout autre cette fois pour les Etats-Unis qui avaient rapporté quatre titres et un total de cinq podiums des précédents Mondiaux, en 2013 à Schladming (Autriche). Et pour cause, deux de leurs atouts, Lindsey Vonn et Mikaela Shiffrin, vont évoluer à domicile, sur des pentes et neiges qu'elles connaissent par coeur.
Cinq victoires en dix courses
Vonn va retrouver une compétition qui lui a laissé un douloureux souvenir, celui d'une violente chute lors du super-G des Mondiaux-2013. Blessée au genou droit, la championne olympique 2010 de descente qui partage la vie du golfeur Tiger Woods, a subi deux opérations, manqué les JO-2014 et souffert pour revenir au premier plan.Mais cet hiver, Vonn est redevenue la reine de la vitesse avec cinq victoires en dix courses disputées pour porter son total en Coupe du monde à 64 succès, nouveau record pour une skieuse. Si elle entend participer aux JO-2018, Vonn, âgée de 30 ans, doit désormais partager la lumière avec Mikaela Shiffrin, prodige de 19 ans déjà championne du monde et championne olympique de slalom. Entre elles et les titres se dressent la N.1 mondiale, la Slovène Tina Maze, les Autrichiennes Anna Fenninger, Elisabeth Görgl et Kathrin Zettel, la Suissesse Lara Gut ou encore la Suédoise Frida Hansdotter.
Les ambitions françaises seront forcément limitées : l'une des championnes du monde 2013, la descendeuse Marion Rolland, s'est à nouveau blessée après avoir déjà manqué les JO de Sotchi, tandis que Tessa Worley, sacrée en géant il y a deux ans, a pour meilleur résultat cet hiver une septième place. C'est du côté des garçons que devraient venir les médailles grâce au polyvalent Pinturault, capable de briller en géant, super-combiné et super-G.
"Pintu", Fayed et les géantistes
Quatrième au classement général, "Pintu" est monté à cinq reprises sur un podium de Coupe du monde, dont deux fois à Beaver Creek en décembre. Il n'est pas seul : Guillermo Fayed est l'inattendu N.3 mondial en descente avec deux podiums, et le géant une spécialité française avec le quatuor Pinturault, Thomas Fanara, Victor Muffat-Jeandet et Mathieu Faivre, malgré la non-sélection de Steve Missillier, médaillé d'argent aux Jeux de Sotchi. Pinturault, Muffat-Jeandet, mais aussi Thomas Mermillod-Blondin font également figure de médaillés potentiels en super-combiné. Au total, les Bleus visent "deux ou trois médailles".Parmi leurs adversaires, notamment en géant, les Français trouveront Ted Ligety, qui deux ans après son incroyable triplé (géant, super-G, super-combiné), vise "avant tout le titre en géant". Le double champion olympique de la discipline a remporté les cinq derniers géants de Coupe du monde organisés à Beaver Creek, mais l'Autrichien Marcel Hirscher, leader du classement général, l'a régulièrement dominé cet hiver.
Les épreuves de vitesse pourraient être dominées par le Norvégien Kjetil Jansrud qui s'est déjà imposé à cinq reprises cet hiver, dont une fois à Beaver Creek et dans la prestigieuse descente de Kitzbühel. L'Italien Dominik Paris, les Autrichiens Matthias Mayer et Hannes Reichelt auront eux aussi leur mot à dire. A moins qu'un revenant ne mette tout le monde d'accord: à 37 ans, Bode Miller est sélectionné pour un dernier grand rendez-vous qu'il aborde dans le plus grand flou.
Opéré d'une hernie discale en novembre, le quadruple champion du monde n'a encore disputé aucune course cet hiver.
Mais Miller est un phénomène et un ultime come-back réussi ferait une belle super-production dont raffole le public américain.