Le succès d'AG2R était en une de tous les journaux ce matin. Retour sur une équipe savoyarde qui a surpris, emballé, ému et enflammé son monde.
"Pleurer comme ça, c'est que du bonheur ! Jean-Christophe, je pense que tu es devant ta télévision, c'est un peu pour toi cette victoire". Le manager de la formation française Vincent Lavenu, habituellement réservé, n'a pas caché son émotion.
En l'espace de 24 heures, l'équipe française a tout connu: la colère, la tristesse et la déception mercredi après l'abandon de Jean-Christophe Péraud, 9e du classement général avant les cinq derniers jours de course, puis la hargne jeudi matin au départ de la 18e étape, pour atteindre la jubilation quelques heures plus tard au sommet d'une des ascensions mythiques du Tour de France.
"On était déboussolé hier soir (mercredi), on ne savait plus quoi faire, on était complètement perdu. Ça faisait plus de quinze étapes qu'on travaillait tous dans le même sens pour Jean-Christophe, tous pour un seul homme", raconte Romain Bardet.
"On s'est dit qu'il fallait repartir de l'avant et Christophe a encore fait un numéro. C'est un coureur exceptionnel, il n'y a que lui qui en a le secret. Quand il est devant, il ne se rate pas souvent. Ça nous a tous transcendés derrière, c'est une belle réaction de toute l'équipe", souligne le jeune coureur (22 ans).
"L'étape absolue"
"On avait dit au briefing qu'il fallait conjurer le mauvais sort. Max Bouet s'est cassé le poignet en début de Tour et hier (mercredi) on a perdu "Jicé" (Péraud). On a dit : "Il faut se battre les mecs, tenter la victoire d'étape, relever la tête, sortir la tête haute de ce Tour", explique le vainqueur du jour.
Du fond de son canapé, Jean-Christophe Péraud a apprécié. "Les soucis d'hier (mercredi) sont oubliés. Il (Christophe) m'a mis la chair de poule, j'en avais les larmes aux yeux, confie-t-il. Il a fait quelque chose d'énorme, monumental. Il a été très, très fort dans sa tête parce que ce n'était pas évident quand Tejay (Van Garderen) était devant de se battre et revenir comme ça".
Parti en échappée dès le 14e kilomètre, Christophe Riblon a déployé toute sa rage pour revenir sur la route après avoir raté un virage dans la descente humide de Sarenne, puis pour rentrer progressivement sur Tejay van Garderen qui l'avait lâché au pied de la deuxième ascension de l'Alpe d'Huez.
"On va communier avec toute l'équipe. Quand un garçon comme Christophe vous fait vivre ce qu'on a vécu aujourd'hui (jeudi), c'est extraordinaire !", exulte Vincent Lavenu.
"L'Alpe d'Huez, c'est l'étape absolue que tous les directeurs sportifs rêvent de gagner, je n'osais même pas l'espérer, ajoute-t-il. Pierre Rolland et Bernaudeau l'ont connu il y a deux ans. Je me disais "Est-ce que c'est possible ?" On l'a fait !"