La secrétaire d'Etat à la Ville en Isère: "même si l'ascenseur social a des ratés, l'école reste le lieu où on peut progresser"

Pour la deuxième fois en quelques mois, la secrétaire d'Etat à la Ville était en déplacement en Isère, ce vendredi 29 avril. Des sujets lui tiennent "particulièrement à coeur", au premier rang desquels l'éducation. Hélène Geoffroy l'a rappelé à Echirolles et Saint-Martin-d'Hères.  

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De passage en février dernier, alors fraîchement nommée, Hélène Geoffroy avait promis de revenir à Echirolles. Elle a ainsi débuté sa visite au collège Jean Vilar, un établissement du Réseau d'Education Prioritaire. Selon la secrétaire d'Etat, à la rentrée 2016, "le nombre d'enseignants nommés n'aura jamais été aussi important". 

Car, selon cette diplômée de l'Ecole polytechnique âgée de 46 ans, "même si l'ascenseur social a des ratés, l'école reste le lieu où on peut progresser".

Intervenante: Hélène Geoffroy, secrétaire d'État à la Ville

Si elle martèle que les gens dans les quartiers n'ont rien de "particulier" et "ont les mêmes aspirations qu'ailleurs", elle ne cache pas l'ampleur de la tâche: la mixité sociale qui "s'est beaucoup dégradée en 30 ans", les 40% de jeunes qui "sortent du collège sans rien", le chantier du droit commun "qui veut juste dire qu'il faut mettre dans les quartiers prioritaires ce qui existe dans les autres quartiers"...

Et dans cette dynamique "les parents sont les meilleurs vecteurs, il faut les impliquer", ajoute la ministre, convaincue des vertus de la participation citoyenne. "La réponse ne peut pas être celle de l'Etat tout seul qui fait des plans et des contrats de ville, il faut que les gens aient envie de s'y inscrire."

Ce retour en Isère lui a justement permis de faire un premier point sur les conseils citoyens, projet que la secrétaire d'Etat porte. Ces groupes d'habitants, associés depuis quelques mois aux décisions prises dans leurs quartiers ont encore des besoins. Liesse El Habbas, un des membres du conseil du quartier des Essarts à Echirolles, explique: "On a besoin de communiquer avec les gens, via internet, et donc de moyens pour mettre en place un site réactif qui puisse servir de forum. Et puis on a aussi besoin d'un local central pour venir échanger avec nous."

Reportage Marie Michellier et Grégory Lespinasse 
Intervenants: Hélène Geoffroy, secrétaire d'Etat à la Ville; Liesse El Habbas, membre du conseil citoyen du quartier des Essarts

Un "pur produit de la promesse républicaine"

Hélène Geoffroy se décrit souvent comme un "pur produit de la promesse républicaine" avec une mère enseignante et un père fonctionnaire des impôts, aux Antilles, "issus de milieux plus que pauvres". Cette "ségoléniste historique" n'hésite pas à reprendre à son compte l'expression d'"apartheid" quand elle parle des banlieues, expression utilisée par Manuel Valls après les attentats de janvier 2015 à Paris: "A un moment, il faut dire les choses avec force."

"Il faut redire ces questions de la République et de son incarnation", explique-t-elle, en regrettant que le discours prônant de réinvestir les symboles comme la Marseillaise et les drapeaux, "ça a beaucoup fait ricaner ma propre famille politique". "Mais dans les quartiers populaires ça a été bien entendu", par les parents notamment.

Ce n'est pas parce qu'on est pauvre qu'on est obligé de se radicaliser"

Alors que les attentats de Bruxelles ont pu relancer les craintes sur les dérives djihadistes, cette scientifique de formation estime qu'"il n'y a pas de signe égal entre radicalisation et quartiers populaires".

"Il ne faut pas nier les problèmes. Il y a des gens dans nos quartiers, même si cela dépasse les quartiers et la France d'ailleurs, qui ont une idéologie de développement séparé. Il faut les combattre, évidemment." Mais "ce n'est pas parce qu'on est pauvre et qu'on a été discriminé qu'on est obligé de se radicaliser", ajoute-t-elle, en pointant "les phénomènes de groupe, les fratries, qui ont parfois des liens avec la délinquance".

"Le seule chose à laquelle aspirent les jeunes, même quand ils sont provocants, c'est entrer dans le monde du travail. C'est pour cela qu'il faut reparler des sujets difficiles, le racisme, l'antisémitisme, les discriminations", ajoute-t-elle. "Ni naïveté, ni angélisme. Les solutions existent et nous sommes en train d'y travailler", assure-t-elle. "Après, la radicalisation, ce n'est pas que notre sujet, c'est le sujet de la Nation."
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