Mobilisation générale pour les acteurs de l'économie du ski. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées ce mercredi 2 décembre pour protester contre la fermeture des remontées mécaniques pendant les vacances de Noël. La mobilisation se poursuit en ligne avec #jesuisunestation.
Ils ne s'avouent pas vaincus. Malgré les annonces gouvernementales, les professionnels de la montagne espèrent toujours infléchir les décisions de l'exécutif pour permettre une ouverture des remontées mécaniques pendant les vacances de fin d'année.
Après des rassemblements dans leurs stations, les acteurs de l'économie du ski sont descendus dans la vallée pour joindre leurs luttes et manifester ensemble. Ils étaient par exemple entre 1000 et 1500 à Bourg d'Oisans, en Isère, ce mercredi matin.
"Les rouges veulent passer au vert"
"On a déjà perdu une grosse partie de notre chiffre d'affaires la saison dernière avec le premier confinement et là, le deuxième confinement nous met en danger encore plus, puisque certains de nos commerces ne fonctionnent qu'avec le ski", s'insurge Ludovic Fuseau, loueur de skis à Vaujany, dans l'Oisans. Pour lui "cette perte sèche va commencer à peser". Comme de nombreux commerçants de montagne qui se sentent "sacrifiés", il anticipe une baisse de son chiffre d'affaires de 50% en cumulé sur les deux saisons.
10 000 emplois dans l'Oisans
Dans le défilé, de nombreux moniteurs de l'Ecole du Ski Français ont eux aussi tenu à faire entendre leurs voix avec des pancartes portant le slogan "les rouges veulent passer au vert", référence à leurs combinaisons rouges bien connues.
"Nous avons près de 300 personnels saisonniers dont nous avons différé l'embauche puisque nous ne savons pas à partir de quel moment nous allons pouvoir les mettre au travail", explique Yves Genevois, le maire de Vaujany. Dans la commune, environ 600 personnes vivent directement ou indirectement du ski. Le secteur emploie 10 000 personnes dans l'Oisans.
Les manifestants ont également brandi des coeurs rouges brisés pour faire démonstration de leur tristesse et de leur amertume. Symbole identique à Bourg-Saint-Maurice en Savoie où environ 600 personnes ont répondu à l'appel des maires de Haute-Tarentaise.
Le coeur brisé
Les élus ne cachent pas leur colère, à l'instar de Yannick Amet, président de la communauté de communes de la Haute-Tarentaise : "on a beaucoup travaillé en amont", dit-il "que ce soit avec les opérateurs des domaines skiables, avec les hébergeurs, les professionnels de l'enseignement et toutes les collectivités locales en mettant en place des sites de dépistage". Avec toutes ces précautions, "on trouve complètement incompréhensible qu'on nous demande un report" de l'ouverture.
Reste la possibilité d'accueillir les touristes, mais pas pour faire du ski, comme le préconise le Premier ministre. "On ne sait même pas ce que l'on a le droit de faire ! Pourra-t-on ouvrir le domaine skiable même sans remontée pour de la luge ou des raquettes ?", s'interroge Guillaume Desrues, le maire de Bourg-St-Maurice-Les Arcs. Il réclame "des règles claires et une date fixe pour les remontées mécaniques".
Incompréhension, colère et armetume
Quant aux annonces des contrôles et d'une quarantaine mise en place pour les skieurs français qui profiteraient des pistes en Suisse, Yannick Amet trouve l'idée "complètement aberrante". "A partir du moment où le début de saison est perdu, il n'est pas rattrapable. Toutes les stations de ski ont une date de fermeture, même si on prolonge un peu, les 25% qui seront perdus en début de saison ne se rattraperont jamais", conclut le président de la communauté de communes de Haute-Tarentaise.
#jesuisunestation
Les professionnels de la montagne espèrent être entendus par le gouvernement. Outre ces rassemblements, ils se mobilisent également sur les réseaux sociaux via le hashtag #jesuisunestation.
D'autres changent leurs photos de profil et détournent le slogan des créateurs du "made in" des Alpes, en invitant tous les Français à venir en montagne en décembre : "aux Alpes, citoyens".