Brighton sera bientôt riche d'une nouvelle attraction touristique: la plus haute tour d'observation ascensionnelle au monde. Derrière ce projet, l'équipe à l'origine du fulgurant succès de la grande roue de Londres. La société iséroise, Poma, y figure en bonne place.
Cette tour futuriste, baptisée i360, dominera de 162 mètres la fameuse jetée de la surannée station balnéaire anglaise, que décrivit l'écrivain Graham Greene dans son roman le Rocher de Brighton.
Une plateforme vitrée en forme de beignet, coulissant sur un mince tube d'acier, permettra de hisser doucement 200 personnes jusqu'à 138 mètres du sol, offrant un panorama à couper le souffle sur la côte sud de l'Angleterre.
"Les gens adore l'expérience du London Eye". Ce que nous avons recherché, c'est de "leur offrir la même expérience, pour un coût moindre", explique le promoteur du projet, l'architecte David Marks.
Le "London Eye", c'est cette grande roue de 135 mètres de haut construite sur la rive sud de la Tamise pour les cérémonies de l'an 2000 et qui est devenue depuis une attraction touristique incontournable. La structure était à l'origine provisoire, mais aujourd'hui 3,7 millions de personnes l'empruntent chaque année pour découvrir Londres d'en haut, à l'occasion d'une paisible rotation de 30 minutes.
"Ce qui rend le London Eye différent, c'est que la plateforme d'observation est en mouvement constant", contrairement aux autres points de vue célèbres, comme la terrasse de l'Empire State Building, relève David Marks dans un entretien téléphonique.
David Marks, un architecte éclectique fasciné par les hauteurs, dit adorer travailler "avec les ingénieurs et les industriels" porteurs d'innovations technologiques. Et pour son nouveau projet, il a reconduit les mêmes sous-traitants que pour le "London Eye", le néerlandais Hollandia (pour le tube métallique) et le français Poma (pour la station d'observation et le mécanisme d'entraînement).
Complexité
Mercredi, Poma a présenté à la presse la plateforme vitrée achevée dans son usine de Veyrins-Thuellin, en Isère. Une élégante masse de 80 tonnes, dont 12 tonnes de verre.Reportage de Sylvie Cozzolino
Le financement du projet de 46 millions de livres (61 millions d'euros) est lui aussi original, dans la mesure où M. Marks y a réinvesti les bénéfices tirés de la cession de ses parts dans la grande roue de Londres. Il est le seul apporteur de fonds propres, le reste de l'argent venant de prêts du secteur parapublic.
"C'est nous qui sommes venus proposer le projet à la ville. Ils ne nous l'avaient pas demandé. Et si vous croyez à votre projet, vous devez investir dedans", a expliqué M. Marks.
Le chantier a eu son lot de déconvenues et de complexité, car il a fallu construire sur la plage au dessus de l'endroit où passait l'égout principal de Brighton et d'autres servitudes techniques.
Bon pour l'image
Mais le tube métallique, assemblé à partir d'éléments préfabriqués, est maintenant en place. La cabine d'observation va désormais être démontée en 48 morceaux, comme des quartiers d'orange, pour pouvoir être remontée en Angleterre.Le principal chantier est aujourd'hui celui du pavillon d'accueil dont la construction devrait prendre encore neuf mois, permettant d'espérer une inauguration à l'été prochain.
Pour Poma, un projet de prestige comme celui-ci, "nous rend visible", explique le président du directoire Jean Souchal. "Un projet de ce type demande beaucoup d'innovations et donne beaucoup de fierté aux salariés".
"Notre image est depuis toujours associées au ski", qui génère encore les deux-tiers du chiffre d'affaires du constructeur de téléphériques et télé-sièges. "Mais l'avenir passe par de nouvelles activités" faisant appel aux compétences traditionnelles du groupe, note Jean Souchal. Qu'est-ce que l'i360, sinon "un téléphérique vertical"?, relève-t-il.
Les loisirs sont un des axes de diversification de la société savoyarde qui a travaillé sur des projets de grande roue à Las Vegas ou Macao. "Nous avons décidé il y a deux, trois ans, de mettre les bouchées doubles" dans ce secteur.
Le transport urbain par téléphérique représente une autre piste pour cette société qui réalise les deux-tiers de son activité (291 millions d'euros en 1994) à l'étranger, alors que les deux-tiers de ses effectifs sont employés en Rhône-Alpes.