En Suisse, la fronde s'organise contre le déploiement de la 5G

Une manifestation nationale se prépare en Suisse contre le déploiement de la 5G, les opposants à cette technologie arguant que les études manquent sur les risques sanitaires et environnementaux. Mais les autorités fédérales ne comptent pas lâcher l'affaire.

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Tout avait bien commencé pour la 5G en Suisse, l'un des premiers pays au monde à s'être lancé dans le déploiement de cette infrastructure mobile. Et pourtant, après la mise en service des 334 premières stations émettrices début juillet, la colère gronde de Genève à Vaud en passant par Fribourg et Neuchâtel.

Les opposants s'élèvent contre cette technologie qui, selon eux, pourrait avoir des effets néfastes sur la santé à cause de ses rayonnements électromagnétiques. Ces citoyens menacent de lancer un référendum, comme il est possible de le faire dans ce pays connu pour son système de démocratie directe.

Alors qu'une manifestation nationale se prépare, la construction de nouvelles antennes a été gelée par les autorités. Pourtant, quelques mois en arrière, la 5G faisait ses débuts en fanfare à coups de spots TV et d'affichages dans les rues. Les principaux opérateurs de téléphonie annonçaient alors fièrement l'arrivée de la dernière technologie mobile dans les villes, campagnes et même dans les régions de montagne.

Mais la partie francophone de la Suisse est devenue le théâtre d'une fronde grandissante contre le déploiement de cette infrastructure mobile. Mis sous pression par des pétitions en ligne lancées bien souvent par des citoyens, plusieurs cantons ont gelé les procédures pour la construction d'antennes au nom du principe de précaution, notamment Genève.

 

La crainte de risques sanitaires


Le gel ne porte toutefois que sur la construction d'antennes, car les opérateurs peuvent convertir sans autorisation une antenne 4G en 5G. Swisscom assure ainsi que d'ici la fin de l'année, il aura couvert 90% de la population.

Les autorités fédérales craignent toutefois que la grogne anti-5G s'amplifie et ont averti que tout "moratoire" (une mesure plus radicale que le gel des permis de construire et sur laquelle certains cantons doivent se prononcer) pourrait être attaqué en justice.

Mais les opposants à la 5G ne perdent pas espoir. Une manifestation est prévue le 21 septembre devant le siège du gouvernement à Berne et un référendum se prépare, a expliqué Coco Tache-Berther, de l'association Frequencia. "Il y a des membres du parlement qui sont de notre côté. Et je crois que la plupart des citoyens sont avec nous", a-t-elle dit.
 
Aux yeux des opposants à la 5G, cette technologie mobile fait peser des risques sans précédent, surtout en terme de santé et d'environnement. Ils demandent un moratoire national et le développement accru de la fibre optique.

Olivier Pahud, qui manifeste une fois par mois devant l'ONU contre la 5G, admet qu'il n'a pas été prouvé que le rayonnement électromagnétique provoque des cancers, mais il dit souffrir d'électro-hypersensibilité, une pathologie qui n'est pas reconnue dans la plupart des pays dont la France.

La très puissante Fédération suisse des médecins (FMH) plaide aussi pour la prudence, expliquant que "tant qu'il ne sera pas prouvé scientifiquement qu'une augmentation des valeurs limites de rayonnement actuelles n'a aucun impact sur la santé, il faudrait renoncer à les augmenter".

 

Éviter un scandale


A Genève, c'est un médecin, également député cantonal du Parti démocrate-chrétien (PDC, centre), Daniel Buchs, qui mène la bataille. "On attend une étude sérieuse, indépendante qui démontre que, oui ou non, il y a un risque de nocivité pour la population de la 5G" afin d'éviter un scandale comme ce fut le cas avec l'amiante, dit-il, soulignant que l'Organisation mondiale de la santé a lancé une étude.
 
A l'OMS, un porte-parole a confirmé à l'AFP que l'agence spécialisée des Nations unies "procède actuellement à une évaluation des risques sur la santé liés à l'exposition aux champs de radiofréquence".

A Berne, un groupe d'experts mandaté par le gouvernement enquête aussi. Son rapport, portant notamment sur "les risques en matière de rayonnement à court et à moyen terme, notamment dans le cadre de l'introduction de la 5G", devait être publié avant l'été, mais il a été retardé "au vu de l'ampleur de la tâche", selon l'Office fédéral de l'Environnement. Ce retard a provoqué la colère des anti-5G, pour qui le gouvernement pourrait avoir cédé à d'éventuelles pressions.

 
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