Suisse : Tariq Ramadan accusé de viols, les juges ordonnent une nouvelle expertise sur la notion "d'emprise"

Les juges français chargés de l’enquête pour viols visant l’islamologue suisse Tariq Ramadan ordonnent une nouvelle expertise sur l’éventuelle emprise subie par ses accusatrices, après l’annulation pour vice de procédure d’un premier rapport sur cette question au coeur de l’affaire

Cette question de l'emprise est au coeur de l'affaire. Elle est en effet primordiale pour les juges d’instruction qui doivent déterminer, avant d’ordonner un éventuel procès ou l’abandon des poursuites, si l’islamologue peut être ou non accusé d’avoir imposé des actes de pénétration sexuelle par une forme de « contrainte morale ».

Depuis la première plainte fin octobre 2017, Tariq Ramadan a été mis en examen à Paris pour des soupçons de viols commis sur cinq femmes. Il est visé par une enquête à Genève pour un viol dénoncé par une Suissesse.

Pour la défense de l’intellectuel musulman de 58 ans, qui plaide des relations dominatrices consenties, cette « notion d’emprise » est invoquée comme « une bouée de sauvetage pour sauver l’instruction du naufrage judiciaire ».

Un premier rapport annulé pour vice de forme

Le 17 juin, la cour d’appel de Paris a annulé l’expertise conduite par le célèbre psychiatre Daniel Zagury car il a interrogé quatre plaignantes sans l’accord des juges d’instruction.

Tirant les conséquences de cette décision, les magistrats instructeurs ont ordonné jeudi 24 juin à un collège d’experts, composé du Dr Zagury et de ses confrères Bernard Ballivet et Frédéric Meunier, de réexaminer cette question, selon des sources proches du dossier.

Le rapport doit être rendu d’ici le 30 novembre et les juges ont cette fois formalisé l’autorisation d’entendre quatre des accusatrices : la première plaignante Henda Ayari, une femme surnommée « Christelle », Mounia Rabbouj et une quatrième femme.

Le débat judiciaire sur cette notion d’emprise s’est imposé après que les plaignantes ont été parfois mises en difficulté par la révélation de leurs échanges avec M. Ramadan, jugés « ambivalents » par les enquêteurs.

Y a t-il eu emprise et contrainte morale ?

Dans son rapport annulé, le Dr Zagury, sans trancher la question d’un libre consentement de ces femmes, décrivait en quatre étapes la relation instaurée par M. Ramadan: une « vénération » pour « l’intellectuel brillant » rencontré sur les réseaux sociaux, puis des échanges « de plus en plus érotisés avec une coloration sado-masochique de domination/soumission », suivis d’une rencontre « décrite comme un enchaînement soudain et brutal »  vers des pratiques sexuelles extrêmes, avant une quatrième phase de sentiments contradictoires (rancoeur, culpabilisation, vengeance, admiration et sujétion persistantes).

 

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